C’est en présence d’une poignée de chefs d’Etat de la sous-région que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) a décidé, lors d’un Sommet extraordinaire, de proroger d’un an, son soutien à la RDCongo, dans sa lutte contre le Rwanda et le M23. Cette extension était attendue, surtout, après que Bruxelles ait, quelques jours plus tôt, fini par accorder une nouvelle enveloppe de 20 millions d’euros à Kigali pour la sécurisation de Cabo Delgado.

Cela faisait plusieurs mois que ces fonds étaient bloqués, entre autres, par le gouvernement belge en signe de protestation contre la présence de forces rwandaises dans l’Est de la RD Congo. Mais, Paris et Lisbonne auront pesé de tout leur poids pour obtenir, le 18 novembre, l’approbation par vote, du renflouement de l’assistance réclamée par Kigali depuis l’été. Dans un communiqué, les Belges ont, tout de même, tenu à indiquer s’être abstenus au moment du vote.

Avec l’annonce de cette information en marge de la réunion du 21 novembre de la SADC, il est certain que la crise en RDC y a monopolisé les discussions de haut niveau, les craintes des dirigeants étant que ladite enveloppe résulte en une intensification du conflit dans le Nord-Kivu. Car, même si cet argent doit, en principe, permettre au Rwanda de veiller sur les intérêts miniers du groupe français, TotalEnergies, une bonne partie sera utilisée à d’autres fins.

D’ailleurs, le fait que dans sa prise de parole finale, le président du Zimbabwe et actuel président du bloc austral, Emmerson Mnangagwa, n’ait parlé que de la RDC, sans faire cas de la crise post-électorale au Mozambique, témoigne de sa préoccupation vis-à-vis des capacités de nuisance du régime rwandais. Et puis, en plus des 20 millions d’euros alloués au Rwanda, l’UE a également débloqué 89 millions d’euros pour soutenir les forces armées mozambicaines.

De quoi financer le retour au calme dans ce pays doté de grands gisements de diamant. Pour ce qui est de la RDC par contre, l’évolution de la situation à l’Est fera l’objet d’une attention particulière de la part des observateurs internationaux, compte tenu de la duplicité à laquelle les autorités de Kigali les ont habitués.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)