Les résultats proclamés par la Commission nationale de recensement des votes du Sénégal, sont sans appel pour les partis des anciens ténors politiques que sont les anciens présidents, Macky Sall et Abdoulaye Wade. C’est la même situation pour les autres.
130 députés sur un total de 165, appartiendront au Pastef, le parti présidé par le premier ministre, Ousmane Sonko. La presse sénégalaise rivalise de superlatifs pour caractériser cette victoire du parti présidentiel qui était attendue, certes, mais pas à un niveau aussi élevé. Car pour avoir été tête de liste de sa coalition, Takku Wallu Sénégal, l’ancien président, Macky Sall, a pris une raclée, une véritable déculottée qui devrait le pousser à s’installer, durablement, au Maroc, le pays de son exil volontaire, afin de permettre aux électeurs sénégalais d’oublier ses conneries politiques pendant douze ans, à la tête de l’Etat du Sénégal. Il a vraiment récolté ce qu’il a semé.
Les électeurs sénégalais ont, donc, plébiscité la politique de transformation profonde du Sénégal qui leur avait été présentée pendant la campagne présidentielle et qui avait permis à Bassirou Diomaye Faye de gagner dès le premier tour avec 54% des voix. Sans tricherie, ce qui est inédit au Sénégal.
Les Africains (et pas seulement les Sénégalais) attendent que le président de la République et le premier ministre déroulent leur feuille de route qui leur avait permis de damer le pion à tous leurs adversaires. Il s’agit de mettre en place des réformes nécessaires dont les plus grandes sont :
- La rénégociation des contrats gagnant-perdant que Macky Sall avait signé dans des domaines stratégiques comme le pétrole et le gaz, et même la pêche, entre autres.
- Le démantèlement des bases militaires étrangères que seule la soumission à l’ordre colonial établi, permettait le maintien. Maintenant que cet ordre est aboli avec un plébiscite des Sénégalais, quoi attendre de plus ?
- La sortie de la zone franc et la création d’une monnaie nationale (comme le fut la voisine Mauritanie en 1973). La Mauritanie est-elle au bord de l’agonie, comme pour dire qu’il est temps que les Africains francophones cessent d’avoir peur.
- La sortie de la CEDEAO dont le président en exercice, le milliardaire-dormeur, Bola Tinubu, se trouve, actuellement, en France où il adore recueillir les avis d’Emmanuel Macron pour diriger la CEDEAO. Mais ces ordres ne sont pas toujours la bienvenue comme on l’a remarqué avec l’échec de l’intervention militaire que Paris pressait Macky Sall et Alassane Ouattara de faire faire, afin de rétablir le président du Niger, grand ami de la France, Mohamed Bazoum, dont la politique approximative en faveur des intérêts du Niger avait conduit l’armée à l’évincer du pouvoir.
- La logique de la vision sénégalaise voudrait que Bassirou Diomaye Faye rejoigne l’AES (Alliance des Etats du Sahel) qui est, actuellement, constituée du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Le Sénégal peut rester dans l’Union africaine, mais, on ne comprendrait pas qu’il ne quitte pas la CEDEAO qui n’est qu’un jouet de certains pays occidentaux.
- Avec une majorité écrasante à l’Assemblée nationale, le gouvernement va rapidement créer la Haute cour de justice qui jugera les détourneurs de fonds publics de l’ancien régime. Autant dire que beaucoup ne dorment pas le cœur dans le ventre au Sénégal, depuis cette éclatante victoire du Pastef. Les prochains mois se montrent très intéressants, et la façon dont les choses vont se passer va inspirer d’autres pays africains. C’est pour dire que le Sénégal n’est pas seulement le laboratoire de la démocratie en Afrique, mais il est aussi, le pays de la transparence et de la bonne gouvernance. C’est du moins l’ambition que semble afficher le duo à la tête de l’Etat.