L’indépendance et la souveraineté ne sont jamais négociables. Voilà ce que de Gaulle déclara au président américain, Lyndon B. Johnson, quand après la défaite de l’Allemagne à la deuxième guerre mondiale et la victoire des alliés, les Etats-Unis voulurent maintenir les bases militaires de l’OTAN en France. Conséquence, en mars 1967, les troupes américaines quittèrent le Camp de Saint-Germain en Laye à la demande expresse du général de Gaulle, qui souhaitait que la France, son pays, retrouve sa pleine capacité de décision en matière de sécurité. Mais, déjà, en 1966, il avait exigé la fermeture de toutes les bases de l’OTAN sur le territoire français. Au nom de l’indépendance et la souveraineté de la France. Sans autre forme de procès, la France devrait, donc, aisément, comprendre la décision des chefs d’Etat africains qui ne veulent plus d’une présence militaire française sur leur sol. C’est tout à fait légitime.
Le mouvement de fermeture des dites bases s’accélère dans les pays où elles sont implantées. On n’est nullement dans la logique de réduction des effectifs que la France préconisait, mais bien de fermeture. Après la fermeture des bases militaires françaises au Mali, au Niger et au Burkina Faso, le Sénégal, conformément, au programme énoncé par le Pastef pendant la campagne présidentielle, va, également, fermer les bases militaires française et américaine au Sénégal. La large victoire du Pastef, le parti présidé par le premier ministre, Ousmane Sonko, pendant les récentes élections législatives, leur en donne la possibilité.
La surprise vient cependant du Tchad. C’est vrai qu’un signe avant-coureur montrait une sorte de changement d’alliance depuis le voyage, à Moscou, du jeune président tchadien où il avait rencontré, en tête à tête, le 24 janvier 2024, son homologue, Vladimir Poutine. Par la suite, les contacts se sont poursuivis avec notamment le voyage du chef de la diplomatie russe, à N’Djamena, le 5 juin dernier où il a pu échanger avec le président tchadien .
La Russie ayant été approchée sur le plan militaire, la présence des forces françaises au Tchad devenait problématique dans la mesure où c’est difficile de faire cohabiter les bases militaires française et russe dans le même pays. Djibouti est le seul pays africain qui fait exception à cette règle non écrite. C’est ainsi que dans une discrétion toute tchadienne, Abderaman Koulamallah, ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine, des Tchadiens de l’étranger et de la Coopération internationale, porte-parole du gouvernement a, dans un communiqué publié le 28 novembre, annoncé la fin de la coopération en matière de défense et de sécurité signé entre le Tchad et la France. Un véritable coup de tonnerre dans le ciel chaud de N’Djamena. Cela dit, le jeune président tchadien qui ambitionne de mettre le Tchad sur une autre trajectoire, a de la suite dans les idées. On voyait bien où il voulait aller et ce n’était qu’une question de temps.
Reste le Gabon, ce beau pays de l’Afrique centrale qui compte plusieurs dizaines de milliers de Français et de binationaux. Il n’est pas souhaitable que Brice Oligui Nguéma soit perçu comme le Ouattara de l’Afrique centrale. Cette comparaison est mortelle pour le jeune-président de transition gabonais. Mais mieux vaut qu’on lui dise la vérité pour qu’il ne se se berce pas d’illusions.
Depuis le 30 août 2023, la France caresse le Gabon (comme la Côte d’Ivoire de Ouattara de tout temps) dans le sens du poil. Il appartient à Oligui de mettre les intérêts du Gabon au-dessus de son propre intérêt personnel.