ZIMBABWE : Vers un retour sur les marchés financiers internationaux ?

Date

Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, est déterminé à ce que son pays retrouve les marchés financiers internationaux. Privé de leur accès depuis plus de 23 ans, l’Etat zimbabwéen a connu une véritable descente aux enfers, de laquelle il souhaiterait désormais sortir définitivement. Cela passe, inévitablement, par l’obtention, auprès des bailleurs de fonds, d’un accord de restructuration de sa dette colossale actuelle de 21 milliards de dollars.

Ce plaidoyer, pour lequel le dirigeant zimbabwéen a sollicité l’aide du président de la Banque africaine de développement (BAD), a des chances d’aboutir. Premièrement, parce que les Etats-Unis ont supprimé, en mars dernier, la loi ZIDERA, qui, depuis 2001, bloquait la réalisation dans le monde de toute transaction financière avec le Zimbabwe. Deuxièmement, Harare est prête à dédommager les propriétaires blancs dont les terres furent arrachées en 2000.

La controverse liée à ces terres avait été à la base des sanctions économiques et financières imposées par l’Occident au Zimbabwe, sous la présidence de Robert Mugabe (Camarade Bob). Un règlement d’une valeur de 331 millions de dollars aurait été prévu pour ce litige, en guise de manifestation de la bonne foi de Harare auprès du Bloc occidental. Depuis 2022, Akinwumi Adesina de la BAD mène les négociations avec les créanciers en vue d’un accord.

Il y va du devenir des Zimbabwéens dont l’économie nationale a déjà accumulé tellement de retard, et subi un si grand nombre de chocs, du fait de son isolement instauré par les Etats-Unis, qu’il est surprenant que l’ambassadrice américaine à Harare, Pamela Tremont, ait eu l’audace d’affirmer le contraire, le 25 novembre, en prétendant que seuls certains fonctionnaires avaient été visés par des sanctions du département d’Etat de Washington. 

Emmerson Mnangagwa et Feu Camarade Bob. A la bonne école.

Si un accord de restructuration de la dette venait à être trouvé entre toutes les parties, les autorités zimbabwéennes seraient à nouveau en mesure d’emprunter sur le marché mondial du crédit pour financer les projets nationaux de développement, et n’auraient, ainsi, plus à faire face aux flux migratoires sortants de leurs populations vers des économies voisines perçues comme pouvant offrir plus de perspectives professionnelles.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier