CONFLIT RDCONGO-RWANDA : Le président-kidnappeur William Ruto humilié. A quand son propre procès ?

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Actuellement président de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), dont la RD Congo et le Rwanda sont tous deux membres, William Ruto ne pouvait pas rester les bras croisés en voyant l’accélération des tensions dans la province du Nord-Kivu. Pourtant, il aurait mieux fait de rester tranquile, ou du moins d’agir en coulisses, à l’inverse de ce qu’il a fait en conviant les présidents, Félix Tshisekedi et Paul Kagame, à un Sommet extraordinaire de la CAE chez lui à Nairobi.

William Ruto (notre photo) sait qu’il a un gros problème de crédibilité auprès des autorités rdcongolaises. L’année dernière, il avait résisté à leur requête de faire arrêter toutes les personnes, parmi lesquelles Corneille Nangaa (ancien président de la Commission électorale nationale indépendante – CENI de 2015 à 2021), qui avaient pris part à une réunion en plein cœur de la capitale kényane, et visant à fomenter la déstabilisation du pouvoir rdcongolais. Réalisant qu’il s’était mis à dos le président, Félix Tshisekedi, il avait tenté de justifier son refus en arguant des principes démocratiques.

A ce moment-là, il ne s’était pas encore révélé au grand public comme étant le président-kidnappeur. Ce surnom lui a été accolé après des enlèvements successifs, près d’une centaine de personnes au total avec son approbation, principalement à Nairobi, et dans d’autres zones du pays. Le profil des victimes varie de l’opposant kényan lambda à des dissidents de gouvernements africains voisins, en passant par des réfugiés détenteurs d’un régime d’asile reconnu par les Nations-Unies. 

Il reste curieux que pour le meeting des opposants au pouvoir de Kinshasa, il ait choisi de ne pas se livrer à son nouveau passe-temps, à savoir, la traque aux rebelles et leur renvoi vers leurs bourreaux. Crédibilité zéro, donc, pour William Ruto qui aurait dû se taire plutôt que de s’improviser en faiseur de paix entre Kagame et Tshisekedi. D’ailleurs, on se demande pourquoi les organes humanitaires ne l’ont pas encore traîné en justice pour violation flagrante du droit international ?  

Le président angolais, Joao Lourenço, a, pour la première fois, appelé les soldats rwandais et du M23 à quitter le territoire rdcongolais.

William Ruto n’est pas la personne indiquée pour calmer des tensions entre la RDCongo et le Rwanda. Il n’a pas pu le faire, chez lui, au Kenya, lorsque les jeunes se sont levés pour protester contre la cherté de la vie. Ni à Haïti où il est plus en train d’amasser une fortune que de pacifier véritablement l’île en s’attaquant aux gangs qui y entretiennent la tourmente. Son mépris du droit humanitaire fait de lui quelqu’un de plus dangereux qu’il en a l’air, pour assouvir ses propres intérêts. 

Précisons que pendant que le Sommet de William Ruto appelait la RDCongo à entreprendre une négociation directe avec le M23, ce que Kinshasa a toujours refusé, le président, Félix Tshisekedi, s’est rendu, au même moment, à Luanda, rencontrer le président angolais, Joao Lourenço, qui, lui, a formellement, demandé aux troupes rwandaises et du M23, de quitter le territoire qu’elles occupent, illégalement, en RDCongo. Une position qui tranche radicalement avec celle de William Ruto.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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