NIGER : Imbroglio autour du projet de souveraineté énergétique de Dosso

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Depuis l’éviction surprise en août dernier, puis, l’arrestation, à la mi-janvier, de l’ancien ministre du Pétrole, Mahamane Moustapha Barké, les Nigériens cherchent des réponses. Connu pour sa proximité avec le premier ministre, cumulativement, ministre des Finances, Ali Lamine Zeine, il n’est pas le seul haut gradé à avoir été débarqué de ce ministère stratégique du Niger, puisque son secrétaire général, ainsi que, l’adjoint de ce dernier l’ont suivi, selon des sources locales.

Assister à un limogeage collectif de cet acabit n’a fait qu’attiser davantage les spéculations sur les motifs retenus contre ces hauts fonctionnaires, surtout, après le récent licenciement de Laouan Gaya, conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de pétrole. Si certains y voient des malversations, d’autres parlent de conflits d’intérêt dans la gestion énergétique. Dans leur discrétion habituelle, les autorités militaires de Niamey n’ont laissé filtrer aucune information.

Toutefois, l’explication la plus plausible semble porter sur la construction de la raffinerie et du complexe pétrochimique de Dosso. Censées établir et garantir le statut du Niger comme nouvel exportateur africain d’or noir, ces infrastructures devaient être réalisées par Zimar, la société canadienne déclarée vainqueure du processus d’attribution auxquels sont systématiquement soumis les marchés d’une telle importance. 

Bien qu’un mémorandum d’entente ait été signé en octobre dernier entre l’Etat nigérien et des représentants de l’entité canadienne, on constate quelques mois plus tard qu’un accord de construction des installations nécessaires à la transformation du pétrole nigérien a été paraphé entre Niamey et Alger. Les négociations se seraient déroulées entre la SONIDEP (Niger) et la SONATRACH (Algérie), sous l’égide du nouveau ministre du Pétrole, Dr. Sahabi Oumarou.

Dr. Sahabi Oumarou, nouveau ministre du Pétrole.

Le Niger se retrouve donc aujourd’hui avec deux entités distinctes légalement chargées de matérialiser son projet de souveraineté énergétique. Il est clair qu’une seule d’entre elles le réalisera. La chute en disgrâce successive des hauts gradés susmentionnés, d’ailleurs tous impliqués dans l’affaire Zimar, ne pouvant signaler rien d’autre que la décision du général-président, Abdourahamane Tiani, de ne pas faire affaire avec un partenaire douteux.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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