Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, vient de prendre, par intérim, la tête de l’USAID (Agence d’aide au développement des Etats-Unis) et ce n’est pas une bonne nouvelle pour les 10.000 fonctionnaires qui y émargeaient. Officiellement, il veut faire cesser l’« insubordination » de l’USAID mais vis-à-vis de qui ? Les Républicains ne viennent que d’accéder au pouvoir. On ne comprend pas bien le nettoyage qu’entreprend l’administration Trump dont rien ne trouve grâce à ses yeux.
6.200 journalistes et 707 médias
Sur les 10.000 salariés actuels, seuls 290 devraient rester au terme de la purge entamée par l’équipe de Trump. Le budget frôle aujourd’hui les 43 milliards de dollars (41,5 milliards d’euros) et représente à lui seul 42 % de l’aide humanitaire mondiale, selon le journal de référence canadien, Le Devoir.
L’USAID va devoir revoir ses ambitions à la baisse, alors qu’il étendait ses activités loin des frontières des Etats-Unis. Ainsi, la Columbia Journalism Review indique que 6.200 journalistes répartis dans 707 médias de 30 pays différents ont bénéficié, directement ou indirectement, des subventions de l’USAID. Elle cite des chiffres publiés par le site de l’USAID mais disparus depuis… Le climat a changé. Parmi les organismes aidés, on cite une organisation humanitaire comme Oxfam.
« Le journal de gauche Politico a par exemple reçu 8 millions de dollars », lance Trump à sa manière, avant de demander : « Est-ce que le New York Times a reçu de l’argent aussi ? Qui d’autre ? C’est peut-être le plus gros scandale de l’Histoire ! » Impossible à prouver à ce stade, mais les révélations sont encore toutes récentes.
Selon Reporters sans frontières, les aides à la presse atteindraient 268 millions de dollars annuels (259 millions d’euros). Elles soutenaient des médias hostiles au pouvoir, en Russie ou en Iran. En Ukraine, neuf médias sur dix bénéficiaient d’aides.

L’USAID contribuait encore à hauteur de 8 % du budget d’une filiale de Beeb Ventures, BBC Media Action. L’USAID a été accusée de contribuer au coup d’état au Venezuela contre Hugo Chávez, d’après des documents révélés par WikiLeaks…
Faute de soutien de l’Etat, en une semaine, tout l’édifice gangrené par la gauche humanitaire et moralisatrice s’est effondré. Trump a d’abord interdit à l’ONG d’engager la moindre dépense nouvelle et de nouer de nouveaux partenariats. Puis, quelques jours plus tard, il a suspendu pour 90 jours la quasi-totalité des programmes d’aide étrangère des Etats-Unis. Objectif : réaligner les dépenses sur les intérêts des Etats-Unis et tailler dans les coûts.
Ce n’est pas une révolution. C’est tout un système qui est pris de panique et qui vacille. Un retournement spectaculaire qui ne fait sans doute que commencer.