Selon différents médias, le ministre béninois des Affaires étrangères, Shegun Adjadi Bakari, a ordonné le rappel de son ambassadeur à Niamey, Gildas Agonkan. En poste depuis août 2024, ce dernier avait remis ses lettres de créance au général-président, Abdourahamane Tiani, dans un effort de décrispation des tensions nées entre le Niger et le Bénin du fait du renversement et de la mise sous surveillance en fin juillet 2023 de Mohammed Bazoum par le nouveau pouvoir nigérien.

Lors d’un événement éducatif qui s’est déroulé, samedi, 8 février, à Gaya (Sud-Ouest du Niger), et rassemblant quelques-uns de ses jeunes compatriotes, le diplomate béninois a demandé pardon au peuple nigérien pour les souffrances endurées en raison de la crise, qui a duré environ un an entre Niamey et Cotonou. Il a plaidé pour une poursuite de la normalisation des relations entre les deux pays, lesquels n’ont pas encore retrouvé leur fluidité d’antan.

Néanmoins, il semblerait qu’il y soit allé trop vite en besogne puisque ses propos lui auraient valu une convocation par sa hiérarchie au Bénin et une révocation pure et simple de son poste. Même si aucun communiqué officiel n’a pour le moment été publié, ce type de réaction est tout à fait ce que l’on peut attendre de son chef, Shegun Bakari, qui faisait partie des hauts gradés de Cotonou dont la posture envers les nouvelles autorités de Niamey était des plus hostiles.

Impuissant face à la réussite de la médiation menée par les anciens présidents, Yayi Boni et Nicéphore Soglo, Bakari n’avait eu d’autre choix que de se plier. L’opportunité en or que lui a présentée Gildas Agonkan (sur notre photo, remet ses lettres de créances au ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakary Yaou Sangaré, le 6 août 2024) étant trop belle pour être ignorée, il confirme tout le ressenti qu’il avait au sujet de la reprise des liens diplomatiques avec le Niger. Ce qui est logique puisque le banquier qu’il est de formation n’a jamais épousé sa fonction de diplomate en chef du Bénin.

Les prochains jours permettront de savoir si le sort de l’ambassadeur du Bénin au Niger a bel et bien été scellé, comme l’indiquent des bruits de couloir de la capitale béninoise, et de constater jusqu’à quel point Shegun Bakari a été une véritable erreur de casting à ce poste sensible du Palais de la Marina. 

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)