Contrairement à l’image qu’elle tente d’afficher auprès de l’Union européenne, c’est-à-dire, celle d’un pays où l’immigration clandestine est maintenue sous contrôle, la Tunisie est elle-même confrontée à des départs massifs de ses propres populations vers l’étranger. Perdues entre désillusion face à des promesses électorales de réformes non tenues et volonté de s’en sortir coûte que coûte, ces dernières font à peine l’objet de l’attention des médias locaux, puisque leurs chiffres sont soigneusement dissimulés par le gouvernement de Tunis, sur fond d’embarras.
Selon un rapport de l’ONU, elles représentaient 11% des arrivées en Italie en 2023, soit plus de 17 000 Tunisiens ayant décidé de se lancer à l’aventure en quête d’une vie meilleure. La majorité d’entre eux étant âgés de moins de 35 ans. Avec un taux de chômage de 39% en octobre 2024, la Banque mondiale a estimé pertinent de renouveler une initiative (Tertiary Education for Employment Project) lancée en 2016 pour renforcer l’employabilité de ces jeunes, après que celle-ci ait pris fin le 31 décembre dernier (sur notre photo, le président tunisien, dimanche, 11 juin 2023, à Tunis, avec Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne et Giorgia Meloni, la présidente du Conseil italien, venus sceller le pacte anti-immigration européenne).
Financé à hauteur de 75 millions de dollars, en majeure partie, par l’institution financière internationale, ce programme avait bénéficié à plus de 22 000 étudiants tunisiens en termes de création de nouveaux cursus académiques, de certifications, et de centres de carrière pour un meilleur alignement entre les besoins des entreprises privées et les compétences dispensées dans l’enseignement supérieur.

Face à la réussite de cette initiative, la Banque mondiale a approuvé sa reconduction en réhaussant le montant de l’enveloppe qui lui avait été allouée. En effet, il sera de 100 millions de dollars, soit 25 millions supplémentaires qui donneront une plus grande marge de manœuvre aux autorités tunisiennes compétentes sur ce plan. Cette augmentation des fonds est assortie d’un relèvement des objectifs du projet censé désormais impacter 145 000 étudiants et enseignants.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)