De deux choses l’une : ou bien nous décidons de faire comme tout le monde, d’agir comme des moutons de Panurge, pour éviter ratonnades et représailles ou bien nous choisissons d’être nous-mêmes, c’est-à-dire, de nous soustraire à l’étouffante tutelle des dogmes idéologiques, religieux ou philosophiques pour faire ce qui nous semble bon et juste.
Elles ne sont pas légion, les personnes qui embrassent la seconde voie, qui refusent de suivre bêtement le groupe (communauté religieuse, parti politique ou ethnie) (notre photo de disciples d’une religion). Ces personnes sont-elles coupables d’une imprudente témérité ? Doit-on les considérer comme des gens irresponsables ? Non. Elles sont pleinement conscientes que s’éloigner des sentiers battus, briser les tabous, parler haut et fort quand les autres se taisent prudemment pour ne pas hypothéquer leur petite carrière, pour être bien vus, pour ne pas déplaire au chef ou au “bienfaiteur”, c’est s’exposer à toutes sortes de risques et de mauvaises surprises.
Elles n’ignorent point que l’anti-conformiste peut, du jour au lendemain, perdre des amis, être rejeté, marginalisé, persécuté, voire, condamné à mort comme Socrate, mais, elles sont convaincues que c’est le prix que doit payer quiconque désire être vrai, libre et utile à la société.

Ils savent, ces anticonformistes, que le conformisme n’est pas forcément synonyme de justesse et de justice. Car les ruptures ont toujours émaillé la marche de l’Histoire.
En un mot, l’anticonformiste se refuse à mener les combats ou les guerres des autres. Il veut tout simplement savoir où il met ses pieds et si telle ou telle lutte vaut la peine qu’on se sacrifie pour elle.
Jean-Claude Djéréké
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis)