OUGANDA-SOUDAN DU SUD : Quand préservation des intérêts rime avec ingérence

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Pour la seconde fois en moins de dix ans, Yoweri Museveni se porte au secours de Salva Kiir. Fervent soutien du dirigeant du Soudan du Sud, depuis la partition du Soudan en deux, le président ougandais aurait envoyé des troupes chez celui-ci pour assurer sa sécurité dans un climat de fortes tensions au plus haut Sommet de l’Etat. Ce déploiement est le deuxième du genre initié par l’Ouganda en moins d’un mois dans la sous-région, le premier ayant eu lieu à Bunia, dans la capitale provinciale d’Ituri, dans le Nord-Kivu en RDCongo.

A l’instar de la RDCongo, le Soudan du Sud est doté de ressources énergétiques considérables, notamment, des réserves de pétrole, qui attisent bien des appétits. Dans un tel contexte, il n’est pas difficile de déduire les raisons d’un interventionnisme aussi soudain du gouvernement ougandais, d’autant plus que certaines indiscrétions faisaient état de l’existence d’accords entre Kampala et Juba, selon lesquels l’armée ougandaise assurerait la sécurité nationale au Soudan du Sud en échange d’un million de dollars par mois.

Après l’annonce faite par le chef d’état major des armées sur son réseau social, et la confirmation donnée par son porte-parole sur la présence de troupes ougandaises au Soudan du Sud, Juba a publié un démenti, créant la confusion sur la véracité dudit déploiement. En réalité, cette réaction reflète la volonté de Salva Kiir de dissimuler son incapacité à former une armée capable d’assurer l’intégrité territoriale. En voulant exprimer sa solidarité envers son voisin, Yoweri Museveni l’a plutôt plongé dans un embarras sans nom.

L’Ouganda continue de flirter avec la mince frontière existant entre la préservation de ses intérêts et son ingérence. En RDCongo, l’ancien guérillero a, souvent, été accusé de duplicité, du fait de sa proximité historique avec le président rwandais, Paul Kagamé, ennemi juré du président rdcongolais, Félix Tshisekedi, et du fait de son engagement militaire chez celui-ci. Mais, ce jeu dénoncé par le pouvoir rdcongolais est moins prononcé au Soudan du Sud, où Kampala a, clairement, déclaré ne pas être à Juba pour y rétablir la paix, mais, pour maintenir Salva Kiir au pouvoir.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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