MEDIATION RDCONGO-RWANDA : L’abandon de Joao Lourenço va-t-il profiter à Denis Sassou-Nguesso ?

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Joao Lourenço n’est plus le médiateur attitré de l’Union africaine (UA) dans le conflit entre la RDCongo et le Rwanda. A la tête du processus de médiation depuis 2022, le président angolais n’a jamais su peser auprès de ses deux homologues, du fait, soit, de l’intransigeance de Félix Tshisekedi contre l’entame de discussions avec le M23, soit, de la constante dénégation de Paul Kagamé sur son soutien aux rebelles du M23.

Pourtant considéré comme étant le plus à même de décanter la situation entre les deux présidents, Joao Lourenço a eu la (très désagréable) surprise d’apprendre, comme nous autres, au sujet de la réunion tripartite initiée par le Qatar, mardi; 18 mars, à Doha par l’émir. Une humiliation pour le dirigeant lusophone, qui a préféré jeter l’éponge, après avoir tenté, en vain, pendant trois ans, de faire se rencontrer Tshisekedi et Kagamé (sur notre photo, les trois présidents, le 6 juillet 2022, à Luanda).

Désormais, à la présidence tournante de l’UA, depuis début mars, Joao Lourenço a ses propres problèmes à régler. En effet, il est secoué par un immense scandale de refoulement à l’aéroport de Luanda. Pour son 59ème anniversaire censé se célébrer à la mi-mars, le principal parti d’opposition angolais, l’UNITA créée par feu Jonas Savimbi, avait invité de nombreux dissidents africains, tels que Ian Khama (Botswana), Venance Mondlane (Mozambique) ou Tundu Lissu (Tanzanie).

Aucun des convives n’a pu se rendre à l’événement en question, certains ayant même fait l’objet d’une détention provisoire sans explications. Ce hasard du calendrier ne pouvait pas tomber au pire des moments pour le président angolais dont la double casquette actuelle en tant que chaire de la plus grande entité du continent africain, exige des clarifications dignes de ce nom. 

Le désengagement de Lourenço est donc compréhensible. Même s’il envoie un mauvais signal sur la capacité de l’Afrique à trouver des solutions afro-africaines à ses différends. Qui donc pour le remplacer et soutenir l’initiative qatari afin de déboucher sur une sortie de crise ? Dans une récente interview accordée à Marc Perelman, Denis Sassou-Nguesso se disait prêt si le besoin se faisait sentir. L’opportunité est donc là. Mais après avoir vu le dirigeant congolais à l’œuvre dans la crise libyenne, qui commettra l’erreur de le solliciter ?

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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