La bataille pour la succession d’Audrey Azoulay à la tête de l’UNESCO a débuté le 9 avril 2025. Les trois candidats retenus vont présenter leur programme devant le Conseil exécutif de l’institution. Ce sera l’opportunité pour Gabriela Ramos, Khaled El-Enany, et Firmin Matoko (notre photo) de marquer des points avant le lancement de leur campagne électorale. Mais, une de ces candidatures semble mal partie. Il s’agit de celle de Firmin Matoko du Congo-Brazzaville.
Rentré d’une visite à Brazzaville, le mois dernier, après y avoir délivré un message à Denis Sassou-Nguesso pour le compte de son président, Abdel Fattah al-Sissi, le chef de la diplomatie égyptienne, Badr Abdelatty, avait déclaré avoir obtenu le soutien du Congo-Brazzaville pour leur candidat, Khaled El-Enany, à l’élection de la direction générale de l’UNESCO. Une annonce apparemment suivie d’un courrier officiel des autorités brazzavilloises dans ce sens.
Toutefois, la stupéfaction s’empara du Caire, quelques jours plus tard, lorsque la nouvelle d’une candidature du prétendu allié congolais parvint jusque dans les hautes sphères de la capitale, juste avant la date limite de dépôt fixée par l’organe onusien. L’histoire ne donne pas plus de détails quant à la réaction du maréchal-président, al-Sissi, face à ce coup de poignard dans le dos de son homologue, Sassou-Nguesso. Mais, on peut imaginer qu’il n’a pas dû beaucoup apprécier.
Pour les lecteurs d’Afrique Education, l’homme fort du clan Oyo et ses adeptes n’ont plus de secret. A l’image de l’article titré “Les fossoyeurs de l’économie du clan présidentiel” paru dans la rubrique Top secret du numéro 543 du mois d’avril 2025, actuellement en kiosque. Au fil des années, la pléthore des révélations sur Denis Sassou-Nguesso a poussé ses compatriotes à conclure que trahison et coups bas sont les critiques les plus positives à son encontre.

Pour revenir à la candidature de Firmin Matoko, l’affiliation au régime de Brazzaville est donc un sérieux handicap, même si le concerné dispose d’atouts vu qu’il est actuellement le sous-directeur de l’UNESCO pour l’Afrique. Avec l’ombre de Sassou-Nguesso qui plane sur sa tête, il lui sera très difficile de garnir des voix pour l’élection. Et puis, Brazzaville a souvent montré que son soutien total n’est réservé qu’aux natifs d’Oyo. Pas sûr que Matoko, qui est originaire de la capitale congolaise, puisse bénéficier d’une dérogation à cette règle.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)