OMC – AN 30 : Le ministre camerounais du Commerce Luc Mbarga Atangana conditionne sa survie à sa réforme

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Ce 10 avril, Genève a fêté les 30 ans de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). Un court moment de joie pour la principale institution promotrice du multilatéralisme en ces temps particulièrement compliqués. En effet, l’OMC étant née un 1er janvier, le report de sa célébration d’anniversaire de quelques mois traduit tout le malaise de son équipe dirigeante concernant le retour de l’actuel locataire de la Maison Blanche, le milliardaire Donald Trump.

Pendant sa campagne électorale, il avait fait plusieurs déclarations hostiles à l’endroit de l’institution internationale, lesquelles ont bien été mises à exécution, notamment, la suspension de la contribution de son pays au budget annuel de l’OMC, et l’instauration de barrières douanières. Non seulement, les dépenses de l’entité vont devoir baisser de 11%, mais en plus, l’entité sera contrainte de se déployer davantage du fait de la guerre commerciale initiée par les Etats-Unis.

En dépit du pessimisme grandissant qui entoure l’avenir du régulateur du commerce international, le ministre camerounais du Commerce, Luc Mbarga Atangana (sur cette photo à l’OMC avec sa directrice générale, la Nigériane, Ngozi Okonjo-Iweala), a donné une lueur d’espoir à tous les défenseurs et acteurs du libre échange. Invité pour l’occasion, en sa qualité de ministre camerounais du Commerce, il a plaidé pour une profonde refonte du fonctionnement de l’institution, suggérant qu’elle ne doit pas se limiter à servir les intérêts des super-puissances.

L’économie mondiale ayant connu une grosse transformation entre 1995, époque pendant laquelle les Etats-Unis, l’Europe et le Japon formaient le trio de tête, et nos jours, avec la Chine et les Etats-Unis, dont le poids économique cumulé est de 43%, qui sont devenus le duo leader mondial, d’autres changements sont à prévoir, tels que l’aspiration de l’Afrique à connaître l’émergence dans un esprit de souveraineté sous des facettes multiples.    

Luc Mbarga Atangana souhaite que l’OMC améliore sa proximité avec ses membres, indépendamment de leur statut géopolitique mondial, afin d’être plus en phase avec leurs préoccupations en matière de développement. C’est ce défaut d’inclusivité qui la rend fébrile dans ses bisbilles avec les Etats-Unis car l’un de ses membres fondateurs est devenu son bourreau. Une éventualité à laquelle elle ne s’était pas préparée, et qu’elle paye cash.

Lourds de sens, les propos du ministre camerounais ont fait mouche. Au point que la date de la conférence ministérielle censée se tenir à Yaoundé en mars prochain semble tellement lointaine pour les participants, qui ont admis le besoin de l’OMC d’être réformée. C’est malheureusement le propre de toutes ces institutions internationales, qui après des décennies d’existence, n’ont pas su se réinventer, ni évoluer avec l’air du temps.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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