Le président français a entrepris ce lundi, 21 avril, une tournée dans l’Océan indien qui devrait le conduire tour à tour, à Mayotte, à la Réunion, à Madagascar et à l’Ile Maurice. Première étape : Mayotte où il s’était rendu les 19 et 20 décembre 2024, au lendemain du cylone Chido qui avait tout rasé sur l’île laissant les habitants dans un état de nature. Etant venu les mains vides devant une population totalement démunie, il n’avait pas résisté à la colère de la foule qui le lui faisait savoir et avait lancé que Mayotte devrait être contente de faire partie de la France. Une phrase qui est restée en travers de la gorge de beaucoup de Mahorais.
Dix jours, plus tard, le premier ministre, François Bayrou, à son tour, avait atterri sur l’île à la tête, cette fois, d’une forte délégation gouvernementale qui comprenait entre autres, deux anciens premiers ministres, Elisabeth Borne (chargée de l’Education) et Manuel Vall (chargé des DOM TOM). Cette mission venait juste évaluer la situation avant de présenter un plan de reconstruction chiffré lors du Conseil des ministres du 3 janvier 2025, avait-on fait savoir. Mais, de façon concrète, les Mahorais ont été abandonnés à leur triste sort, les promesses de Macron et Bayrou n’engageant que ceux qui y croyaient.

Résultat, «Aucune collectivité n’a touché un euro» depuis le passage du cyclone, s’indigne le maire de Mamoudzou. Ambdilwahedou Soumaila a interpellé sur Francinfo le président, Emmanuel Macron, en déplacement, ce lundi, 21 avril, dans le département le plus pauvre de France, sur le manque de soutien financier de l’Etat auprès des collectivités locales.
La vie à Mayotte n’est «pas complètement revenue à la normale» depuis le passage du cyclone Chido, il y a quatre mois, a-t-il déploré. Le maire LR de Mamoudzou a interpellé Emmanuel Macron, qui venait d’atterrir dans le département le plus pauvre de France, de façon directe : «J’espère que quand il reprendra l’avion, ses décisions seront suivies par des faits. Beaucoup d’annonces avaient été faites en décembre, mais à date, aucune collectivité n’a touché aucun euro. Elles doivent se débrouiller par elles-mêmes», a-t-il dénoncé.
Sur place, le président a annoncé un plan de «refondation» de Mayotte d’une enveloppe de plus de trois milliards d’euros sur six ans.

Ce financement de 3,2 milliards d’euros prévu entre 2025 et 2031 selon le président «aura vocation, avec des clauses de revoyure, à être régulièrement passé en revue», a-t-il ajouté. Il comportera «des fonds nationaux», mais aussi, «des fonds européens», et «les bailleurs internationaux que nous souhaitons mobiliser».
Autrement dit, quatre mois après, rien n’est prêt et si rien n’a été fait, c’est parce que Mayotte est considérée comme une île des Comores (et non une île française). Le président, Azali Assoumani, ne demande pas mieux, que le retour de Mayotte dans le giron national. Les Nations-Unies sont favorables à cette décolonisation et le président, Emmanuel Macron, ferait œuvre très utile en respectant la géographie qui rattache Mayotte à l’ensemble des Comores.
A Madagascar où il doit aussi se rendre, un autre problème ayant trait à la décolonisation des Iles Eparses l’attend. La France peine à accepter le rattachement de ces îles à Madagascar, sans aucune raison politiquement valable.

Si cette tournée n’a pas été entreprise pour parler des questions de décolonisation, alors que la France avec son lourd déficit budgétaire peine à assurer sa grandeur passée, il n’est pas utopique du tout que l’autodétermination des peuples concernés devienne un problème urgent à résoudre. Quitte à donner la possibilité aux habitants directement concernés par cet éventuel changement de statut de faire leur choix : soit rester Français ou devenir Comorien (pour Mayotte), Malgache (pour les Iles Eparses) ou Calédonien (pour les habitants de la Nouvelle Calédonie). Tôt ou tard, la réalité prendra le dessus et la nature retrouvera ses droits.