Les Pays-Bas vont réduire leur présence diplomatique dans le monde. L’Afrique étant disproportionnellement frappée par cette mesure, ils ont justifié la fermeture de plusieurs de leurs représentations diplomatiques par des contraintes financières, notamment, à Bujumbura (Burundi), Tripoli (Libye), et Juba (Soudan du Sud). Celles d’Antwerp (Belgique), de Havane (Cuba), de Yangon (Myanmar) et de Rio de Janeiro (Brésil) sont, également, concernées.
Au total, ce sont 25 millions d’euros d’économies structurelles que le gouvernement hollandais espère dégager afin de poursuivre sa mise en conformité vis-à-vis de la politique fiscale déployée par l’Union européenne. Adepte reconnu de l’équilibre budgétaire, La Haye a annoncé vouloir renoncer à sa discipline financière pour les années à venir. Une déclaration mal vue par Bruxelles, qui oblige les Pays-Bas à procéder à des coupes un peu partout et sans réelle cohérence.
En effet, en mai 2023, les autorités néerlandaises défendaient encore l’idée d’un renforcement de la coopération avec les nations africaines pour la prochaine décennie, comme le confirmait leur manifeste en matière de politique étrangère intitulé the Africa Strategy of the Netherlands 2023-2032. Cependant, l’alternance du pouvoir, étant survenue entre-temps, le nouveau leadership, venu tout droit de l’extrême droite, n’a pas mis long à faire demi-tour (sur notre photo, le nouveau premier ministre Dick Schoof).
Pour illustrer ses positions tranchées anti-migratoires, il a initié la fermeture de l’ambassade au Burundi, après plus de 60 années de présence sur place. Celles de Libye et du Sud Soudan sont, elles aussi, visées. Ces pays mènent une lutte humanitaire du fait de l’instabilité régnant dans leur sous-région respective. La guerre RD Congo-Rwanda, les réseaux clandestins vers l’Europe, et la guerre civile au Sud Soudan accouchent chaque jour des lots de candidats potentiels à l’asile.

En mettant la clé sous le paillasson dans les trois nations susmentionnées, les autorités néerlandaises actuelles ont astucieusement déroulé leur politique ultra-radicale sur fond d’alignement aux règles fiscales de l’UE applicables à tous les Etats-membres. En théorie, La Haye dispose de représentations diplomatiques dans 47 autres capitales africaines. Le temps dira si l’initiative prise contre le Burundi, le Soudan du Sud et la Libye n’était qu’un cas isolé.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)