Le candidat de l’opposition au Mali, Soumaïla Cissé, a rejeté, lundi, 13 août, à l’avance, les résultats du second tour de la présidentielle, entachés, selon lui, de fraudes, et appelé la population à « se lever ». Soumaïla Cissé veut-il brûler le Mali après s’être rendu compte qu’il ne sera pas son prochain président de la République ? La question mérite d’être posée.
A défaut de chasser Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) par les urnes, Soumaïla Cissé ne se prive pas de lancer une insurrection populaire pour le chasser de son palais présidentiel de Koulouba, convaincu que la fraude de nature industrielle organisée par le président sortant, lui prive la direction du pays. A chacun ses moyens pour tenir le Mali !
« D’ores et déjà, nous rejetons les résultats », a-t-il déclaré dans le QG de son parti.
« J’en appelle à tous les Maliens à se lever (…) Nous n’accepterons pas la dictature de la fraude », a lancé à ses partisans l’ancien ministre des Finances âgé de 68 ans, du balcon de son siège de campagne.
« La fraude, elle est avérée, c’est pour ça qu’il y a des résultats que nous n’accepterons pas. Ceux qui ont fraudé, c’est ceux qui embrasent le pays », a, ensuite, dit à un groupe de journalistes, M. Cissé, qui a été crédité de 17,78% des voix lors du premier tour le 29 juillet, contre près de 42% au président sortant. L’écart est énorme et du reste irrattrapable. Mais pour Soumaïla Cissé, c’est le fruit de la fraude. Rien que la fraude ! Est-il un mauvais perdant ?
Mais pour les 45 observateurs de l’Union africaine (UA), « cette élection s’est déroulée dans des conditions acceptables », selon leur rapport préliminaire déposé lundi. La mission électorale de l’UA a félicité « le gouvernement malien pour les efforts supplémentaires d’amélioration et de sécurisation du processus », avec une baisse notable des incidents au deuxième tour par rapport au premier.
Notant que les deux camps se sont accusés de « fraude ou de tentatives de fraude », l’UA indique « à ce stade » ne détenir « aucun élément tangible » démontrant de quelconques irrégularités.
Reste que le chef de file de l’opposition n’en démord pas : « Nous ne serons pas l’agneau de sacrifice. Nous n’accepterons pas que notre pays soit construit sur la fraude, sur les achats de conscience, nous n’acceptons pas ces méthodes policières, nous n’acceptons pas que le président soit élu par la fraude ».
« La responsabilité de ce qui va arriver dans le pays est dans le camp du président de la République (sortant) », a averti M. Cissé devant la presse.
« Nous allons continuer à le dénoncer et nous allons utiliser toutes les méthodes possibles pour que la vérité soit établie », a aussi dit l’opposant, qui lors de la présidentielle de 2013, avait reconnu sa défaite face à M. Keïta avant même la publication des résultats.
Selon lui, le logiciel avec lequel son équipe effectuait sa propre compilation des résultats a été « attaqué » dans la nuit de dimanche à lundi.
« Nous étions à 51,93% contre 47,53% pour le président de la République (sortant) », a-t-il assuré.
Six membres de son équipe de communication ont, par ailleurs, été interpellés dimanche. Cinq des six hommes – quatre Français, dont deux binationaux franco-maliens, et un Malien – ont été relâchés sans poursuite après avoir été détenus pendant deux heures dans un commissariat, a indiqué l’entourage de M. Cissé. Leurs ordinateurs et téléphones ont été saisis.
« Des ordinateurs ont été emportés, des ordinateurs portables saisis. Pourquoi, si ce n’est pour cacher quelque chose ? », a demandé lundi Soumaïla Cissé (notre photo).
La mission d’observation de l’Union européenne, qui avait été rappelée à l’ordre par Bamako dans l’entre-deux tours pour avoir appelé à davantage de « transparence », doit présenter ses premières conclusions ce mardi matin. C’est avec beaucoup d’intérêt qu’on attend ce qu’elle dira après le satisfecit du rapport des observateurs de l’UA.