Le Musée des arts et traditions populaires installé dans l’ancienne résidence du premier président de la République centrafricaine, Barthélémy Boganda, inauguré en 1966, a été vandalisé lors des violents affrontements de 2013 à Bangui (« la bataille de Bangui « ), qui ont opposé miliciens anti-balakas et sélékas. Depuis cette date, on ne connaît toujours pas de date pour sa réfection. Le gouvernement centrafricain ne considère-t-il pas la culture comme une priorité de son action ?
Le musée est fermé depuis 2013.
Les collections comprendraient, environ, 3500 pièces. Un certain nombre de pièces mal protégées se sont détériorées avec le temps et l’humidité. Les miliciens ont dérobé un certain nombre d’objets dont des bâtons de commandement auxquels ils attribuent des pouvoirs magiques susceptibles de les aider à accomplir leurs méfaits. Lors de ces pillages, certaines pièces ont été jetées à même le sol ou retrouvées dans le jardin entourant le bâtiment. La toiture du musée à été criblée de balles.
Grâce au soutien de l’UNESCO et au volontarisme des directeurs du musée, qui se sont succédé, certains objets ont pu heureusement être placés dans des caisses.
Je me souviens, à la fin des années 60, avoir pu admirer des instruments de musique aux formes élégantes (en particulier, des harpes ornées d’une tête sculptée), des arcs, des poteries, des calebasses, des couteaux de jets…
Je me souviens de collections appartenant aux cultures pygmée ou peule, de salles à thèmes (musique, techniques traditionnelles, objets, bijoux ou vêtements destinés aux femmes, jouets d’enfants)…
Ce musée aux dimensions modestes avait, à l’origine, l’ambition de réunir des pièces couvrant une large palette des cultures et traditions d’un pays, qui compte un peu plus de 90 ethnies.
Symbole d’un Centrafrique uni, riche et fier de sa diversité, il est, aujourd’hui, laissé à l’abandon.
La réouverture du musée n’est pas une priorité du gouvernement centrafricain (notre photo).
Dans un Centrafrique devenu, aujourd’hui, l’otage de groupes armés, la réouverture du musée constituerait pourtant un geste symbolique fort en faveur de la paix et de la réconciliation.
Le Centrafrique a célébré, le 13 août 2020, le 60ème anniversaire de son indépendance.
Depuis 2013, le Centrafrique est plongé dans un conflit qui a conduit un quart de la population à fuir les violences commises par des milices chrétiennes et musulmanes. Ce conflit a fait plusieurs milliers de morts…
Patrick David
est docteur en droit
Fontenay-aux-Roses (France).