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La survenue de la pandémie du coronavirus a sauvé la face de tout le monde. A Accra où ils se sont réunis, samedi, 19 juin, pour parler entre autres « Transition au Mali » et lancement de la monnaie ECO, les chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ont, en choeur, accusé le coronavirus de ne leur avoir pas permis de suivre leur calendrier de départ. Alors qu’on sait que Alassane Ouattara et Emmanuel Macron avaient apporté de sérieuses dissensions dans cette opération, quand, tous les deux, à Abidjan, en décembre 2019, ils avaient, sans concertation véritable avec les autres pays membres, créé la monnaie ECO au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) en lieu et place du F CFA. L’ECO est pourtant le nom de la future monnaie de la CEDEAO. Comment se fait-il que Macron et Ouattara ont, à leur tour, choisi d’appeler ECO, le F CFA de la BCEAO sinon qu’ils étaient animés par une volonté de créer le trouble et la confusion dans les esprits ? (sur notre photo, Alassane Ouattara est bien visible dans la salle de conférence où sa table de travail est proche de celle de Nana Akufo-Addo, le présidence en exercice de la CEDEAO).
Les chefs d’Etat des quinze pays membres de la CEDEAO ont adopté une feuille de route en vue du lancement d’une monnaie commune en 2027, a annoncé le président de la Commission de la CEDEAO, l’Ivoirien, Jean-Claude Kassi Brou, à l’issue du Sommet d’Accra.
« En raison du choc de la pandémie (de COVID-19), les chefs d’Etat avaient décidé de suspendre la mise en œuvre du pacte de convergence en 2020-2021 », a-t-il rappelé.
« Nous avons une nouvelle feuille de route et un nouveau pacte de convergence qui couvrira la période entre 2022 et 2026, et 2027 sera l’année de lancement de l’ECO », a-t-il ajouté, en référence au nom de cette nouvelle monnaie.
Le naïra, la monnaie du Nigeria, première économie d’Afrique de l’Ouest, a un taux de change flottant tandis que huit autres pays de la région utilisent le F CFA, arrimé à l’euro. Les discussions doivent avoir lieu car le Nigeria et le Ghana, les deux premières économies de la CEDEAO, contrairement à la Côte d’Ivoire (troisième économie), refusent le rattachement de l’ECO au seul euro. Ils demandent que l’ECO soit rattaché à un panier de monnaies dont l’euro, mais aussi, le dollar, le yen, la livre sterling, etc.
Les chefs d’Etat de la CEDEAO présents au Sommet du 19 juin à Accra au Ghana.
Si Ouattara a fini par évoluer dans sa position qui, au départ, demandait l’élargissement des autres pays (Nigeria, Ghana, etc.) à la zone BCEAO, il est resté inflexible sur le fond, à savoir, le maintien du lien ombilical entre cette future zone et la France. Le Nigeria et le Ghana ne l’entendent pas de cette oreille, pas plus que d’autres pays francophones comme le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et quelques autres, qui entendent sortir de ce carcan étouffant qu’est la zone franc. Cette forme de « servitude volontaire » dont les peuples ne veulent plus.
Conclusion : la lutte des egos et des intérêts partisans continue. Et celle-ci ne pourra s’arrêter qu’avec le départ d’Alassane Ouattara du pouvoir en Côte d’Ivoire. Car tant qu’il sera là, il manoeuvrera toujours et toujours pour que le F CFA reste souverain. Pour le plus grand bonheur de qui on sait et pour qui il travaille (la France).