ZONE FRANC : Vers un Sommet de la CEDEAO de rejet de l’ECO version Macron/Ouattara

Date

Alors qu’on s’attendait au lancement de l’Eco de la CEDEAO courant 2020, sous la présidence en exercice du président du Niger, Mahamadou Issoufou, pour ceux des pays qui auraient atteint les trois principaux critères de convergence (3% du taux d’inflation au plus, 70% du taux d’endettement publique, 10% au plus de taux d’inflation), le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, et son homologue français, Emmanuel Mcron, ont créé la surprise, le 21 décembre 2019, à Abidjan, en créant une autre monnaie du même nom, l’Eco, au sein de l’UEMOA, en remplacement du F CFA, et dont l’ambition était de s’étendre au reste des pays de la CEDEAO. Cette initiative unilatérale a été lancée sans concertation, mais, uniquement, pour les pays de l’UEMOA dont les membres sont la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Togo, le Niger, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée Bissau. Cela dit, cette annonce semble pour le moins prématurée. Car quelques jours avant la sortie des présidents français et ivoirien sur le rattachement de l’Eco à l’euro par une parité fixe, leur homologue béninois, Patrice Talon, disait, exactement, le contraire, à savoir, que l’Eco (monnaie de la CEDEAO et non de l’UEMOA) serait rattaché à un panier de grandes monnaies dont l’euro, le dollar, le yen, la livre, le yuan, etc., et que d’importantes réserves de cette monnaie, seraient logées dans des banques centrales des pays concernés afin de faciliter les échanges des pays de la CEDEAO. Comme on pouvait s’attendre, l’initiative de Macron et Ouattara a été, unanimement, rejetée par les autres pays de la CEDEAO, non membres de l’UEMOA dont les ministres de Finances viennent de se réunir à Abuja. Ils ont demandé la convocation d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO sur l’Eco afin de remettre les choses en place. Celui-ci devrait avoir lieu dans de brefs délais.

Les ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales de cinq pays anglophones d’Afrique de l’Ouest et la Guinée réunis, à Abuja, ont, donc, rejeté ce jeudi, 16 janvier, l’Eco prôné par le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue, Emmanuel Macron. 

Il s’agit des ministres des Finances du Nigeria, de la Guinée, de la Sierra-Leone, du Ghana, du Liberia et de la Gambie.

A l’issue de cette concertation, ils ont accusé le président ivoirien, Alassane Ouattara, d’avoir, unilatéralement, pris la décision de création de l’Eco sans consulter les autres pays membres de la CEDEAO. On a, souvent, dit que Ouattara travaille pour les intérêts étrangers, notamment, français et non pour la Côte d’Ivoire dont la nationalité est contestée (il est né burkinabé de père et de mère). Il vient d’en donner la preuve en se mettant l’ensemble des autres chefs d’Etat à dos alors que le processus de lancement de l’Eco CEDEAO est bel et bien lancé.

Les gouverneurs des banques centrales de ces pays ont, également, pris part à cette rencontre.

Les six pays appellent une réunion urgente des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO pour discuter de la monnaie unique régionale.

Les ministres ont indiqué que l’action du président Ouattara n’est pas en droite ligne avec les décisions des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, qui ont adopté « Eco », le nom de la nouvelle monnaie indépendante commune de la CEDEAO.

Deuxième économie de la CEDEAO, après le Nigeria, le Ghana conteste tout leadership en matière économique et politique à la Côte d’Ivoire, accusée d’être sous influence française (sur notre photo, la bonne entente entre le Nigérian Muhammadu Buharu et le Ghanéen Nana Akufo Addo).

Quant au Nigeria, première économie africaine dont le PIB est de près de 70% de celui de la CEDEAO, ses dirigeants ont clairement laissé entendre qu’ils n’avaient adhéré à l’idée d’un Eco de la CEDEAO qu’à la seule condition d’une coupure ombilicale entre la nouvelle monnaie et le Trésor français, et que l’Eco devrait être lié à un panier de grandes monnaies mondiales.

Malgré l’annonce des présidents français et ivoirien, l’Eco de la CEDEAO répondra au souhait des deux grandes économies de cette sous-région, à savoir, le Nigeria et le Ghana. La tenue prochaine d’un sommet sur cette question ne tardera pas à le démontrer, quitte à faire perdre la face à Alassane Ouattara, qui semble être né avant la honte comme l’affirment les Bantou de la forêt équatoriale.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier