Au moins, 30 personnes manifestant contre la tenue de l’élection présidentielle en Algérie prévue le 12 décembre, ont été arrêtées, à Tiaret (Centre), a rapporté, samedi, 23 novembre, le Comité national de libération des détenus (CNLD). Cette association recense et défend les personnes arrêtées ces derniers mois dans le cadre du «Hirak», le mouvement populaire et inédit de contestation du régime qui agite l’Algérie depuis février. La contestation bat son plein et il n’est pas certain que l’élection présidentielle du 12 décembre, puisse se tenir, dans des conditions qui permettront que cesse, par la suite, le Hirak.
Le puissant chef d’état major des armées algériennes, le général, Ahmed Gaïd Salah, ne fait plus peur. Il reste celui dont les manifestants réclament, sans cesse, la tête, afin de permettre une relance du processus électoral, qui soit, réellement, transparente (sur notre photo, une manifestation contre Gaïd Salah en mai. Tiendra-t-il encore longtemps ?). Car, bien que le président, Abdelaziz Bouteflika, ait démissionné, en avril, le système militaro-politique en place qui gère l’Algérie depuis des décennies, et qui est supervisé, au dernier ressort par les militaires, reste, encore, en place. La chute de Ahmed Gaïd Salah symboliserait, non pas sa fin, mais, un réel début de son démantèlement. En effet, ce ne serait plus l’armée qui aurait le dernier mot dans les décisions, qui engagent l’avenir de l’Algérie : l’armée deviendrait la « grande muette » comme le souhaite le Hirak. Bien entendu, les militaires ne l’entendent pas de cette oreille, à cause des privilèges qui leur échapperaient. Pour le moment, le combat est engagé et à voir le nombre de plus en plus important de manifestants qui battent le pavé, chaque vendredi, dans tout le pays, surtout, à Alger, il y a lieu de penser que, tôt ou tard, grâce à la force du nombre, les manifestants auront le dernier mot. Le peuple a toujours eu le dernier mot, partout.
Ce vendredi, 22 novembre, les manifestants ont fait état d’arrestations d’opposants au scrutin à Batna, à 400 km au Sud-Est d’Alger, en marge d’un rassemblement de soutien à Abdelmadjid Tebboune, un ancien premier ministre candidat à la présidentielle. Et à Aflou, à 460 km au Sud d’Alger, des protestataires ont lancé des pierres sur le convoi d’Abdelkader Bengrina, un autre candidat, a indiqué, ce dernier, lors d’un meeting électoral. Le CNLD avait, déjà, fait état de l’arrestation de plus de 80 personnes, jeudi, à Alger, lors d’une marche dénonçant la tenue de la présidentielle. Cela dit, les manifestants ne sont en rien impressionnés par cette vague d’arrestations, organisée pour intimider.
Après avoir obtenu la démission du président, Abdelaziz Bouteflika, en avril, le mouvement de contestation réclame désormais le démantèlement du «système», et dénoncent la tenue de la présidentielle du 12 décembre qui, pour eux, ne peut offrir, en l’état, des garanties de transparence. Les manifestants conspuent, ainsi, les candidats à la présidentielle, réclament le départ des dirigeants et dénoncent les multiples arrestations qui émaillent la campagne.
Gageons que le puissant général, Ahmed Gaïd Salah, sera le prochain sur la liste des tombeurs des barons du régime. Au regard de la façon dont il est conspué dans le pays, chaque vendredi, ses chances de conserver son pouvoir s’amenuisent au fil des jours.