Contrairement à ce qu’on peut penser, notamment, au sein de la diaspora comorienne et dans certains milieux français proches de l’Elysée, c’est le président de la très petite République des Comores, Azali Assoumani, qui mène le jeu dans la relation avec sa très puissante partenaire, la France, d’Emmanuel Macron. Ce dernier peut bomber le torse (comme c’était le cas lundi 22 juillet chez lui à l’Elysée) devant la presse, mais, c’est son invité, le colonel, Azali Assoumani, qui donne le véritable ton à leur relation bilatérale.
Personne ne reconnaît plus cette France, « patrie des droits de l’homme » qui continue d’annexer des territoires de par les îles (internationales) alors qu’en tant que gardienne de la paix dans le monde au regard de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, il lui est interdit d’aller à l’encontre des prescriptions de la communauté internationale. Or, l’ONU (suivie par l’Union africaine) a, toujours et toujours, reconnu la souveraineté de Moroni sur l’île de Mayotte, à travers toutes ses résolutions. Mais, Paris n’en a cure comme si la volonté du plus fort était (toujours) la meilleure. Une erreur monumentale des autorités françaises !
Honneur à Azali Assoumani, contrairement, à certains de ses prédécesseurs, de dire tout haut, très très haut, ce que pensent les Comoriens et les Comoriennes, sans se faire entendre de personne, concernant cette île sœur de Mayotte. En plein cœur de l’Elysée et aux côtés de son homologue (notre photo) qui ironisait, en 2017, à propos des Kwasa Kwasa (pirogues rapides qui provoquent des morts par noyade entre les trois îles comoriennes et Mayotte), il a marqué son désaccord total sur le fait que le président, Emmanuel Macron, affirme que Mayotte soit une terre française. Un principe d’extraterritorialité fortement contesté. Juridiquement insoutenable. Comme si Mayotte était située en Europe. C’est tout simplement insensé que Paris discute un lopin de terre en plein Océan Indien, à 10.000 kilomètres de l’Hexagone. Comme pendant son épopée coloniale en Afrique. Se rend-elle seulement compte de cette forme d’arrogance de plus en plus insupportable pour ne pas dire cette volonté hégémonique et ce degré d’impérialisme dont elle fait montre au monde entier, et qui brouille son image à l’international ?
La France a décidé d’octroyer aux Comores une enveloppe de projets de 150 millions d’euros sur trois ans. Il était temps car, il faut dire que la Chine et l’Arabie Saoudite, pour ne parler que de ces deux pays, très impliqués aux côtés d’Azali Assoumani, n’attendent pas la France pour accompagner l’objectif de faire des Comores, un pays émergent en 2030. Si la France prend le train en marche, les Comoriens diront « Tant mieux ». Si tel n’est pas le cas, ça n’arrêtera pas l’émergence de l’Union des Comores de suivre son cours.
Le président, Emmanuel Macron, s’enorgueillirait d’encourager la compagnie Air France à desservir Moroni, au moins, une fois par semaine, dans un premier temps, pour montrer la volonté de Paris de véritablement décloisonner cet archipel et de l’aider à s’ouvrir au monde. Car le président français doit savoir que, pour se rendre à Moroni, de nos jours, ce n’est jamais chose simple, avec des plans de vol qui passent par Nairobi, par Roland Garros (Réunion), par Sir Seewoosagur Ramgoolam (Port-Louis), par Dar es Salam, par Antananarivo-Ivato, etc. La France, ici, a la clé de la solution. L’amitié tant vantée, c’est aussi de permettre une liaison directe de la Compagnie Air France entre Orly ou Roissy CDG et Moroni Prince Saïd Ibrahim, en évitant des interminables correspondances aux Comoriens et amis des Comores.