Le président français respecte (et craint) la démocratie ghanéenne et l’indépendance d’esprit des Ghanéens. Il s’en était rendu compte lors de son voyage en novembre 2017 à Accra (notre photo). En visite officielle en France, le président du Ghana a déjeuné ce midi avec son homologue français. La France connaissant suivre ses intérêts, surtout, quand ceux-ci sont menacés, il s’agira, surtout, de la question du F CFA à l’heure où cette monnaie va être abandonnée, à partir de 2020, au profit de l’ECO, nom de la monnaie choisie par les chefs d’Etat de la CEDEAO, réunis à Abuja, au Nigeria, le 29 juin 2019.
Le déjeuner entre Nana AKUFO-ADDO, président de la République du Ghana, et Emmanuel Macron, a commencé à 13 h 00, à l’Elysée. Les deux chefs d’Etat ont eu tout le temps nécessaire pour parler des sujets divers de coopération. Mais, il y en a un qui était au centre de l’entretien : la prochaine disparition du F CFA au profit de l’ECO, nom de la future nouvelle monnaie ouest-africaine, que viennent de créer les chefs d’Etat de la CEDEAO et dont le démarrage est attendu courant 2020, pour ceux des pays qui auront satisfait aux critères de convergence exigés. Akufo-Addo n’est pas que le président du Ghana sur lequel pèsera beaucoup la création de l’ECO, en dehors du Nigeria, meilleure économie africaine. Le président ghanéen préside avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou, le comité de supervision de la création de l’ECO mis en place par la CEDEAO. Il est donc une personne stratégique pour Macron qui veut savoir de la bouche la plus autorisée les tenants et les aboutissants de cette future ECO.
L’inquiétude de la France n’est plus à signaler. Car on sait bien qu’après la CEDEAO, ce sera au tour des pays de la CEMAC de répondre aux exigences de leurs populations qui demandent la création d’une monnaie autre que le F CFA. Deux chefs d’Etat de cette sous-région l’ont, d’ores et déjà, fait savoir, les présidents, Idriss Déby Itno, du Tchad et Teodoro Obiang Nguéma Mbasogo de Guinée équatoriale.
Parlant de la rencontre entre Akufo-Addo et Macron, de ce jour, notons qu’elle aura été précédée par celle du président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, avec Emmanuel Macron, le 9 juillet dernier, à l’Elysée.
Ouattara, en bon très grand ami de la France, est (sans doute) venu faire le point de la création de l’ECO (dont il ne voulait pas entendre parler il y a encore peu) avant de s’aligner après avoir vu qu’il était strictement minoritaire au niveau des chefs d’Etat de la CEDEAO.
Le train de l’indépendance africaine (réelle) est en marche avec le lancement de l’ECO. Le trésor français n’aura plus à contrôler le fonctionnement de l’ECO comme c’est le cas avec le F CFA. La France n’aura aucun contrôle sur cette future nouvelle monnaie. Exit aussi le compte d’opération qui a tant fait couler d’encre et de salive.
Après ce déjeuner, les deux chefs d’Etat iront à la rencontre de la diaspora des bi-nationaux et des ultra-marins, environ, 400 personnes, toutes, des Macron-Compatibles triés sur le volet, pour leur parler de la nouvelle relation France-Afrique, et écouter leurs doléances.