Le 5 juin 2019, Henri Konan Bédié révélait que, dans nos villes et villages, certains étrangers possédaient des armes et utilisaient ces armes pour tuer les nationaux en cas de différend (1); qu’on donnait à Abobo les papiers ivoiriens à des étrangers pour qu’ils puissent voter en 2020 (2) ; que des étrangers exploitaient, illégalement, l’or et d’autres minerais (3) et que ceux qui favorisaient la venue massive et agressive d’étrangers en Côte d’Ivoire (4) avaient pour but de faire des Ivoiriens des étrangers sur leur propre sol.
Je ne conteste pas le fait que Bédié, qui savait toutes ces choses mais n’ouvrit jamais la bouche parce que l’alliance diabolique scellée avec Ouattara lui profitait, largement, est disqualifié pour défendre, aujourd’hui, la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. Je ne suis pas en désaccord avec ceux qui soutiennent que l’ancien président et d’autres politiciens ivoiriens sont de vulgaires opportunistes, qui ne se montrent patriotes que quand ils sont en difficulté ou quand on leur a retiré le pain de la bouche. Enfin, je partage le point de vue selon lequel il faut démasquer et sanctionner tous les poissons, petits et gros, impliqués dans l’exploitation des minerais.
Je pense, toutefois, que nous commettrions une grave erreur si nous jetions le bébé (les questions soulevées par Bédié et son appel à un sursaut national et à une union sacrée de tous les partis politiques afin que les Ivoiriens puissent récupérer leur pays) avec l’eau du bain (Bédié qui est comptable de la politique de destruction et de bradage de notre pays pour avoir travaillé et fait souffrir les Ivoiriens avec Ouattara pendant 9 ans).
Nous devrions, plutôt, nous mobiliser, non pas, pour remettre Bédié ou un autre ancien président au pouvoir, mais, pour sauver la patrie. Car ce qui est en jeu, c’est le repeuplement de la Côte d’Ivoire (certains estiment que les étrangers représentent actuellement 50 % de la population) dont le but inavoué est de faire main basse sur les richesses ivoiriennes et d’arracher la Côte d’Ivoire aux Ivoiriens. Aujourd’hui, il est de notoriété publique que, en plus de favoriser et de promouvoir outrancièrement les Nordistes, le régime Dramane Ouattara n’attribue les gros marchés qu’aux entreprises françaises, burkinabè et maliennes.
Les Ivoiriens, que certains considèrent comme un peuple doux-amer, observeront-ils, indéfiniment, cette injustice et cette discrimination sans réagir ? Difficile de le croire car l’Histoire, qui est un témoignage, nous enseigne que pareille situation a été vécue et que les Ivoiriens ne se laissèrent pas faire à la fin des années 1950. En effet, du 24 au 26 octobre 1958, les Dahoméens, qui « s’étaient assuré des positions de force dans l’administration et dans le secteur privé ivoiriens », furent attaqués et durent rentrer, chez eux, les mains vides parce qu’ils étaient accusés « d’adopter souvent une attitude méprisante, de favoriser leurs compatriotes, de faire venir, une fois installés, leurs petits frères ou leurs cousins » (cf. Suzanne Bonzon, ‘les Dahoméens en Afrique de l’Ouest’, « Revue française de science politique », vol. 17, n.4, 1967, pp. 720-721). Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les étrangers d’aujourd’hui s’exposent à subir le sort des étrangers d’hier s’ils continuent à afficher mépris, arrogance, volonté de marginaliser les Ivoiriens ou d’accaparer leurs biens par la force.
Quid des étrangers qui ne se mêlent pas de nos affaires, respectent nos lois, n’assassinent pas les Ivoiriens pour prendre leurs terres ? Ils pourront vivre, tranquillement, en Côte d’Ivoire. On ne fera rien contre eux.
Jean-Claude DJEREKE
est professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis).