LEGISLATIVES AU BENIN : Patrice Talon ramène la démocratie dans son pays trente ans en arrière

Date

Le Bénin, pays réputé pour être un exemple de démocratie en Afrique de l’Ouest, a voté, dimanche, 28 avril, pour élire ses députés lors d’un scrutin historique où l’opposition n’a pas été autorisée à présenter de candidats, marquant pour beaucoup d’observateurs un tournant autoritaire du président Patrice Talon. C’est une situation qui se passe de commentaire quand on sait d’où vient l’actuel président, qui avait, justement, passé près de trois ans en exil, entre la France et la Belgique, pour fuir l’arbitraire. Une fois au pouvoir, aujourd’hui, il plonge, lui aussi, dans un arbitraire qui est plus grave, car il ramène tout le pays à l’ère du « marxisme-béninisme » de feu Mathieu Kérékou (avant conférence nationale souveraine). Finalement, que doit-on penser de la démocratie en Afrique si on ne doit même plus faire confiance à un non-professionnel de la politique (comme Patrice Talon) qui accède au pouvoir et dont on aurait pu attendre une autre manière de faire de la politique ?

C’est la première fois que l’opposition ne participe pas aux élections, depuis que le Bénin a assuré sa transition démocratique en 1990.

Elu en avril 2016, Patrice Talon, maître des horloges, est, incontestablement, à l’origine de cette situation. La société civile béninoise, ainsi que, des représentants internationaux n’ont pas souhaité déployer d’observateurs en signe de mécontentement. L’Union européenne, par exemple, a annulé, quelques jours, avant la tenue du scrutin, la participation de ses observateurs pour ne pas cautionner un processus que toute la CEDEAO a déploré.

Les principaux opposants au président Talon vivent, actuellement, en exil, à l’instar de Sébastien Ajavon, sans lequel il n’aurait pas été élu président de la République au deuxième tour du scrutin qui l’opposait à Lionel Zinsou, le candidat du pouvoir. Le Bénin est devenu ce pays où on n’est plus libre, où de nombreux activistes, politiques ou journalistes sont interpellés ou convoqués au commissariat. Pour presque rien.

C’était également la stupéfaction, dimanche, 28 avril, matin, jour des élections législatives, lorsque le Bénin s’est réveillé sans aucun accès aux réseaux sociaux pour la première fois de son histoire. Patrice Talon devient, ainsi, le bon élève du président congolais, Sassou-Nguesso, qui, pendant l’élection présidentielle de mars 2016, avait coupé les réseaux sociaux, pendant quatre jours, empêchant toute communication entre les observateurs nationaux et internationaux, dont ceux de l’Union africaine. Une situation qui avait entraîné le courroux de Xhosazana Dlamini-Zuma, à l’époque, présidente de la Commission de l’Union africaine. On peut, donc, dire que Patrice Talon prend un « très bon » chemin avec pour modèle en matière démocratique, Denis Sassou-Nguesso, le dictateur (5 étoiles) du Congo-Brazzaville (notre photo qui montre Talon en villégiature à Oyo le village natal de Sassou).

Le matériel électoral a été brûlé à Tchaourou, département de Borgou, la commune de l’ancien président Boni Yayi. L’ex-chef de l’Etat avait rompu son silence, une semaine avant l’élection, en demandant au président, Patrice Talon, d’interrompre le processus électoral, et à la population béninoise de se soulever dans un « sursaut patriotique ». Il avait même défilé aux côtés de son prédécesseur, Nicéphore Dieudonné Soglo, pour inviter les Béninois et les Béninoises à refuser la tenue de ces élections.

« La vague d’arrestations arbitraires de militant(e)s politiques et de journalistes et la répression des manifestations pacifiques ont atteint un niveau alarmant au Bénin », s’est inquiété Amnesty International dans un communiqué publié, vendredi, 26 avril, soir.

Le parlement a approuvé, fin 2018, la mise en place d’un nouveau code électoral pour simplifier le paysage politique et empêcher la prolifération des partis (plus de 250 dans un pays de 12 millions d’habitants).
Toutefois, même les principaux mouvements de l’opposition ne sont pas parvenus à remplir les conditions imposées par la CENA (Commission électorale nationale) et n’ont pas pu présenter leur liste.

Cinq millions de Béninois étaient inscrits sur les listes électorales, et avaient jusqu’à 16h00 (15H00 GMT) pour choisir entre le Bloc républicain et l’Union progressiste, deux mouvements (tous) proches du président Patrice Talon, qui, finalement, disposera de 83 députés sur 83 dans l’hémicycle de Porto Novo.

Question à 10.000 F CFA : N’est-on pas revenu à l’ère du parti unique et de la dictature comme sous le régime des militaires ?

Aaaahhhh ce Monsieur Patrice Talon !!! Un caméléon !!!

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier