Deux sommets africains se tiennent ce mardi, 23 avril, au Caire, sous la houlette du chef de l’Etat égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, président en exercice de l’Union africaine (UA), pour évoquer en urgence les crises au Soudan et en Libye. Cela dit, certains chefs d’Etat en parlant du cas Omar el-Béchir qui s’impose, aujourd’hui, à eux, penseront, d’abord, à leur propre situation, car beaucoup d’entre eux sont des Omar el-Béchir en puissance.
Sont présents au Caire, les présidents, Idriss Déby Itno (Tchad), Ismaïl Omar Guelleh (Djibouti), Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Mohamed Abdullahi Mohamed (Somalie) et Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) pour le Sommet sur le Soudan. Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, y participe aussi.
Celui sur la Libye réunit, toujours, autour du président égyptien, président en exercice de l’UA, les présidents du Rwanda et d’Afrique du Sud, ainsi que, celui du Congo, Denis Sassou-Nguesso, également, président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, ainsi que, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat.
Il s’agit des premières réunions de dirigeants africains de ce niveau sur le Soudan et la Libye.
Des responsables éthiopien, sud-soudanais, ougandais, kényan et nigérian participent aux discussions.
Les dirigeants africains évoqueront « l’évolution de la situation au Soudan », où le mouvement de contestation se poursuit après la destitution par l’armée du président, Omar el-Béchir, ainsi que, les moyens d' »endiguer la crise » en Libye, où le maréchal, Khalifa Haftar, soutenu par le président égyptien, organisateur du Sommet de par sa qualité de président en exercice de l’UA, a lancé une offensive contre la capitale Tripoli. Une offensive condamnée par les Nations-Unies et donc par l’UA que préside, paradoxalement, Abdel Fattah al-Sissi. Le dossier libyen n’est donc pas à une contradiction près.
Le sommet sur le Soudan, lui, « a pour objectif de discuter (…) des moyens les plus appropriés pour faire face à l’évolution de la situation et de contribuer à la stabilité et à la paix ». Mais, il y a ce qu’on ne dit pas.
Car en réalité, il s’agit de préserver l’intégrité physique d’Omar el-Béchir et d’avoir une position commune, notamment, sur les requêtes de la Cour pénale internationale (CPI) qui réclame son extradition, à La Haye, afin qu’il y soit jugé et emprisonné. Comme Laurent Gbagbo.
Mais, plus important : en évoquant ce sujet, les chefs d’Etat veulent se donner une jurisprudence pour ce genre de problème appelé à se poser, à nouveau, dans l’avenir. Il faut préciser qu’au moins deux ou trois présidents qui participent à ces sommets, peuvent, à tout moment, être, également, confrontés aux problèmes que rencontre, aujourd’hui, l’ancien président, Omar el-Béchir. Autrement dit, ce n’est pas une question qui ne concerne que les autres. Ils sont, aussi (et ils le savent) des Omar el-Béchir en puissance (notre photo montrant Denis Sassou-Nguesso et Idriss Déby Itno avec Mme Mushikiwabo de la Francophonie).