Le Mouvement Tournons la Page (TLP)-Niger a réagi après l’annonce de la France de redéployer ses forces militaires stationnées au Mali, vers le Niger voisin. Selon l’organisation de la société civile, il s’agit d’un accord illégal et illégitime entre Paris et Niamey car c’est la CEDEAO et la France qui l’annoncent, et pas le président du Niger, Mohamed Bazoum.
« La coordination nationale de Tournons La Page Niger a constaté avec sidération et stupéfaction la décision des chefs d’Etats de la CEDEAO et de l’Union européenne du jeudi 17 févier 2022 annonçant le redéploiement des forces Takuba et Barkhane au Niger. Une décision d’autant plus surprenante qu’inacceptable car elle émane non pas du Président de la République du Niger, mais des chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’Union européenne. Un autre fait troublant est cette affirmation d’Emmanuel Macron : « avec l’accord des autorités nigériennes, des éléments européens seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes, dans la région frontalière du Mali ». TLP-Niger s’interroge sur les modalités d’un tel accord des autorités nigériennes sachant que la constitution du Niger prévoit en son article 169 que : « Les traités de défense et de paix ne peuvent être ratifiés qu’à la suite d’une loi autorisant leur ratification » ».
En effet, cet accord, n’a fait l’objet d’aucun débat au parlement nigérien pour discuter de son bien-fondé à plus forte raison ratifier une loi l’autorisant. « Cet accord impopulaire viole gravement la Constitution nigérienne, ce qui le rend totalement illégal en dépit du fait qu’il soit illégitime », s’insurge TLP-Niger.
Face à cette situation inadéquate à l’état de droit, TLP-Niger : « condamne avec fermeté et détermination cet accord colonialiste autorisant le déploiement de ces forces d’occupation sur le territoire du Niger ; déplore l’asservissement des chefs d’Etat africains qui les amène à signer des accords, bien souvent illégaux, en défaveur du peuple africain ; exhorte les autorités nigériennes à se désolidariser sans condition de cet accord qui n’est pas voulu par le Niger et son peuple ; appelle l’ensemble des Nigériens soucieux et jaloux de la souveraineté nationale à rester mobilisés pour soutenir les actions à venir ».
Le débarquement des Forces Barkhane et Takuba au Niger, quelques mois après son arrivée au pouvoir, est un cadeau empoisonné pour le nouveau président, Mohamed Bazoum. Non seulement, il n’a pas eu le temps de se retourner mais il n’a eu aucun état de grâce. Considéré à tort ou à raison comme l’homme sur qui la France compte, désormais, dans sa lutte contre le djihadisme au Sahel, le président du Niger, Mohamed Bazoum, a réagi : « Notre objectif est que notre frontière avec le Mali soit sécurisée. Nous prévoyons qu’après le départ de Barkhane et de Takuba, cette zone (Nord-Mali) soit encore plus infestée et que les groupes terroristes se renforcent. Or, nous savons qu’ils ont vocation à étendre leur emprise ». Le président du Niger dit-il vrai ou faux ? Cela dépend de quel côté on se situe.