Le prix Nobel de littérature nigérian, Wole Soyinka, a déclaré qu’il n’apportait son soutien, ni au président sortant, Muhammadu Buhari, ni à son principal opposant, l’ancien vice-président, Atiku Abubakar, assurant qu’ils méritent tous deux un « rejet absolu » et il a appelé le pays à prendre « une toute autre direction ». Donc, pour le très intransigeant, Wole Soyinka, pas question de choisir entre la peste et le choléra, ou entre le cancer et le sida. Les deux tuent.
« Je ne veux qu’il n’y ait aucune ambiguïté : moi, Wole Soyinka, je ne voterai pour ni l’un ni l’autre » des deux candidats principaux, a-t-il déclaré lors d’une conférence à Lagos, jeudi, 31 janvier.
« Je pense que tous les deux méritent un rejet absolu », a asséné le Prix Nobel 1986, grande figure respectée dans le pays, qui a, régulièrement, critiqué le chef de l’Etat, notamment, pour sa gestion du conflit meurtrier entre agriculteurs et éleveurs dans le centre du pays.
Wole Soyinka, 84 ans, a appelé les quelque 80 millions d’électeurs nigérians à trouver une troisième voix par les 71 autres candidats à la présidentielle pour faire perdre Muhammadu Buhari et Atiku Abubakar: un scenario très peu probable dans le contexte nigérian où seuls les candidats des deux principaux partis ont une chance de remporter le scrutin.
« Il est temps de prendre une toute autre direction », selon lui.
Buhari et Abubakar, respectivement, 76 et 72 ans, sont des figures politiques anciennes du Nigeria. Muhammadu Buhari avait dirigé le pays en 1983 pendant les dictatures militaires avant d’être élu, démocratiquement, en 2015, après de nombreuses tentatives.
Soyinka, en 2015, avait apporté son soutien à Buhari, qu’il considérait comme un rempart contre la corruption rampante, avant de se rétracter (notre photo).
L’ancien général présente en effet un bilan très critiqué, notamment, sur les questions économiques et sécuritaires, et ses détracteurs ont, récemment, dénoncé son attitude de plus en plus « autoritaire » et « non-démocratique ».
Atiku Abubakar convoite, quant à lui, pour la quatrième fois, le siège suprême. Il fut le vice-président d’Olusegun Obasanjo entre 1999 et 2007. Richissime homme d’affaires, il est perçu dans le pays comme l’une des personnalités politiques les plus corrompues, bien qu’il n’y ait jamais eu aucun procès contre lui au Nigeria.