Le président, Emmanuel Macron, a reçu, mardi, 9 novembre, son homologue béninois, Patrice Talon, avec lequel il a finalisé la restitution de 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey pillées au XIXe siècle par les troupes coloniales, et conservées jusqu’ici au musée du Quai Branly (Musée Jacques Chirac). Ce n’est qu’un début car tous les pays européens, grands colonisateurs devant l’éternel, sont concernés. Mais aussi les Etats-Unis, le Canada et bien d’autres. Toutes les œuvres, des centaines de milliers d’ouvrages d’art, doivent retrouver leur continent d’origine. Un musée qui voudra faire de la résistance, sera tellement indexé qu’une telle situation sera contreproductive pour lui. Il faudra absolument coopérer avec l’Afrique pillée, sous l’étroite surveillance des Nations-Unies et de ses organes spécialisés comme l’Unesco et autres.
La France a restitué, mardi, 9 novembre, au Bénin, 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey pillés au XIXe siècle par les troupes coloniales et conservées jusqu’ici au musée du quai Branly. A cette occasion, le président, Emmanuel Macron, a reçu, à l’Elysée, son homologue béninois, Patrice Talon, avec lequel il a validé formellement le transfert de propriété des œuvres, qui rejoindront le Bénin dès mercredi, 10 novembre, par avion cargo (sur notre photo, les deux présidents au Musée du Quai Branly).
Parmi ces objets d’art figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey, ainsi que, le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales en 1892.
Les ministres de la Culture des deux pays, Roselyne Bachelot et Jean-Michel Abimbola, ont signé l’acte de transfert de propriété de la France au Bénin, permettant aux œuvres de regagner leur pays après près de 130 ans d’absence.
Cette cérémonie solennelle marque la dernière étape d’un processus inédit, entamé avec la promesse faite en 2017, par Emmanuel Macron, de procéder à des restitutions du patrimoine africain en France. Mais, on compte des musées qui freinent des quatre fers ce processus, même si celui-ci est en train de se multiplier de par le monde.
Pas plus tard que le 5 novembre, le Musée national d’art africain de la Smithsonian Institution à Washington a déclaré avoir décroché de sa collection des bronzes du Royaume du Bénin, un territoire situé dans l’actuel Nigeria. L’institution culturelle américaine prévoit, désormais, d’entamer un processus de rapatriement pour seize pièces identifiées comme des objets pillés lors d’une expédition punitive britannique en 1897, et ce sans qu’aucune demande formelle du Nigeria n’ait été formulée.
Musée national d’art africain de la Smithsonian Institution à Washington
La Grande Bretagne n’est pas en reste
Fin octobre, deux universités du Royaume-Uni ont, elles aussi, restitué au Nigeria des objets pillés au Bénin. La faculté écossaise d’Aberdeen a remis un bronze acheté par l’institution en 1957, issu de ce même pillage de 1897. A Cambridge, le Jesus College a rendu une sculpture en bronze représentant un coq, qui trônait dans le hall depuis 1905. La statue avait été offerte par un parent d’élève, militaire et partie prenante de cette expédition coloniale. Des étudiants du campus anglais réclamaient sa restitution depuis des années, dans le sillage du Mouvement Black Lives Matter.
L’Allemagne envisage un rapatriement en 2022
Côté allemand, dans le sillage de la France, Berlin a signé avec le Nigeria, mi-octobre, un protocole d’accord établissant un calendrier pour le retour d’environ 1 100 sculptures béninoises provenant de ses musées. Les premiers rapatriements sont envisagés au deuxième trimestre de 2022.
En France, de nouveaux postes dédiés à la recherche sur la provenance des œuvres ont été créés ou sont en cours de création, notamment, au musée du quai Branly, ou encore, au musée d’Angoulême, doté d’une importante collection française d’art africain et océanien léguée par un médecin charentais et grand collectionneur d’art en 1934.
La provenance de 40 000 objets étudiés en Belgique
La Belgique, dont l’AfricaMuseum (ancien musée royal d’Afrique centrale) abrite environ 85 000 objets provenant de l’ancien Congo belge, s’est, elle aussi, lancée dans un long processus pour recenser et étudier la provenance de milliers d’objets issus de ses anciennes colonies. Grâce à des programmes scientifiques initiés par le musée, et avec l’aide des Archives nationales, quelque 35 000 à 40 000 pièces, soit la moitié de la collection congolaise, est ainsi passée au crible fin. De 1 500 à 2 000 objets d’art sont, quant à eux, déjà, classés comme mal acquis et sont donc éligibles pour une restitution.
Le Musée d’art africain de Tervuren en Belgique.
L’ensemble du processus s’inscrit dans un vaste programme dévoilé en juillet par le secrétaire d’Etat belge en charge de la politique scientifique, Thomas Dermine. Ce dernier a appelé à ce que « tout ce qui a été acquis par la force et la violence dans des conditions illégitimes » soit restitué. « Les objets qui ont été acquis de façon illégitime par nos grands-parents, arrière-grands-parents ne nous appartiennent pas. Ils appartiennent au peuple congolais », a-t-il ajouté.
Les autorités congolaises ont demandé à la Belgique de les aider à reconstituer, uniquement, du moins, pour le moment, les pièces manquantes des collections représentatives de certains groupes ethniques. Un rapatriement du patrimoine organisé à leur rythme et selon leurs critères. Ces pièces seront accueillies dans le nouveau musée national de la République démocratique du Congo, inauguré en 2019 par le président Félix Tshisekedi. Il ne peut de toute façon accueillir, pour l’instant, que 12 000 pièces dans des conditions optimales de conservation.