Le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a lancé, officiellement, la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle, où il est candidat à sa propre succession et entend poursuivre sa lutte contre la corruption et contre la secte terroriste Boko Haram.
Dans ce pays de 180 millions d’habitants, les électeurs sont attendus aux urnes le 16 février 2019, quatre ans après la victoire historique de Muhammadu Buhari qui l’a vu devenir le premier candidat de l’opposition au Nigeria à battre un président en place.
Mais, l’ancien général de 75 ans, qui avait, déjà, dirigé le pays entre 1984 et 1985 pendant les dictatures militaires, doit, aujourd’hui, affronter une vague de mécontentement populaire et une opposition de, plus en plus, organisée.
Lors du lancement de sa campagne, dimanche, 18 novembre, soir, à Abuja, il a affirmé avoir tenu ses promesses en termes de sécurité, d’économie et de lutte contre la corruption.
Mais, il a reconnu qu’il restait du travail à faire pour que tout le monde puisse en bénéficier, pas seulement, quelques-uns, dans un pays où les inégalités entre riches et pauvres sont colossales et où les infrastructures de base (électricité, hôpitaux, routes,…) sont, toujours, déficientes.
« Les choix que nous faisons aujourd’hui modèleront notre avenir, notre sécurité économique et notre prospérité future », a déclaré le candidat du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC).
« Le Nigeria, plus que jamais, a besoin d’un gouvernement stable, tourné vers le peuple », lors d’un message diffusé à la télévision.
Le Nigeria, premier exportateur de pétrole du continent africain, est gangrené par la corruption et ce thème sera, vraisemblablement, au coeur de la campagne.
Dès son arrivée au pouvoir, en 2015, Muhammadu Buhari s’était engagé à récupérer les « sommes astronomiques » d’argent public volé sous les administrations précédentes.
La semaine dernière, le directeur de l’agence anti-corruption (EFCC), Ibrahim Magu, s’est félicité d’avoir saisi l’équivalent de 2,3 milliards de dollars, ainsi que, des « villas, stations essences, bijoux, voitures, terrains… ».
Toutefois, ces saisies se déroulent, souvent, hors de toute procédure judiciaire et les détracteurs de M. Buhari l’accusent de ne cibler que des opposants politiques.
« Nous sommes déterminés à approfondir le travail que nous avons entamé au cours de ce premier mandat, de manière à ce que les actifs et les ressources du pays continuent à bénéficier à la société », a déclaré M. Buhari, pour qui la corruption reste une « menace existentielle ».
Dans ce nouveau programme dévoilé dimanche, le président Buhari souhaite, comme il y a quatre ans, mettre l’accent sur la création d’emplois et la diversification de l’économie pour être moins dépendant du pétrole, ainsi que, renforcer le système d’éducation.
Sur ces points, il y a urgence : environ 60% de la population a moins de 30 ans et le pays devrait devenir le troisième pays le plus peuplé du monde d’ici 2050, derrière l’Inde et la Chine.
Dans 90 jours, 78 candidats s’affronteront pour la présidence. Mais, le vrai duel se jouera entre M. Buhari et son rival du Parti populaire démocratique (PDP), Atiku Abubakar.
Cet ancien vice-président d’Olusegun Obasanjo (1999-2007) bénéficie d’un large soutien de son parti, notamment, après une vague de défection au sein du parti au pouvoir.
L’opposition reproche à M. Buhari d’avoir aggravé l’insécurité lors de son mandat, notamment, de n’être pas intervenu, assez tôt, pour tenter de résoudre le conflit pastoral entre agriculteurs chrétiens et éleveurs musulmans dans les Etats du centre.
Plusieurs Etats restent soumis à d’importants problèmes sécuritaires : dans le Nord-Est, le groupe djihadiste Boko Haram sème, toujours, la terreur, dans le Sud-Est, des groupes armés menacent les installations pétrolières et, quasiment partout, dans le pays, on pratique des kidnappings contre rançons.
Muhammadu Buhari a exhorté tous les candidats et leurs partisans « à mener leurs campagnes de manière pacifique ».
« Nous n’avons pas d’autre pays, ne l’enflammons pas à cause de la politique », a-t-il ajouté.
Ce weekend, vingt-quatre pays (dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne,…) ont, quant à eux, appelé à « des élections libres, équitables, transparentes et pacifiques ».
« Nous exhortons toutes les parties prenantes – acteurs politiques et non politiques – à s’abstenir de prononcer des discours de haine et à adopter une position ferme contre la violence », pouvait-on lire dans une lettre commune.
Les signataires se sont dit « gravement préoccupés » par l’achat de voix, l’intimidation à l’encontre des électeurs dans les récentes élections de gouverneurs et des élections primaires des partis.
Avec AFP