On n’a pas besoin d’avoir une licence en droit de l’Université de Butare (Rwanda) pour savoir que Paul Kagame est un général de l’ex-APR (Armée patriotique rwandaise) qui aime la violence. Ce sont ses hommes qui tirèrent sur le Falcon 50 à bord duquel avaient pris place les présidents du Rwanda, Juvénal Habyarimana, et du Burundi, Cyprien Ntaryamira, ainsi que, leurs collaborateurs, un acte qui déclencha des tueries massives en guise de riposte, et qui finalement, se transforma en génocide faisant au bas mot 800.000 morts selon un décompte onusien. C’est parce qu’il est un homme violent qu’il organisa une véritable chasse à l’homme hutu dans les deux Kivu au lendemain de son accession au pouvoir dans les années 2000. C’est parce qu’il est un homme violent qu’il voulut régler son compte à Laurent Désiré Kabila juste parce que ce dernier refusa de gérer la « très grande » République démocratique du Congo (RDC) sous la haute supervision du « tout petit Rwanda » (paroles de Kabila mises entre guillemets). C’est parce qu’il est un homme violent qu’il organise, de temps en temps, l’assassinat de ses anciens partisans, dans les pays étrangers comme l’Afrique du Sud, où ils obtiennent l’asile politique. C’est parce qu’il est un homme violent qu’il ne tolère pas la liberté d’expression et de la presse au Rwanda. C’est parce qu’il est un homme violent qu’il s’autorise des victoires à la présidentielle avec des taux qui rivalisent avec ceux de Leonid Brejnev du temps de la grande Union Soviétique. C’est parce qu’il est un homme violent qu’il a foutu en prison de sympathiques opposants comme Victoire Ingabire et consorts pour qu’ils n’apportent pas un autre son de cloche au débat politique national envahi par la seule parole unique, le seul discours unique et le seul parti unique du général-président. On pourra allonger ces griefs pour montrer que Paul Kagame aurait été un excellent dirigeant rwandais avant les années 90, quand le multipartisme n’avait pas encore cours en Afrique. Aujourd’hui, il est l’exemple à ne pas suivre sur un continent qui entend prendre son destin en main. D’abord, par la démocratie et le respect des droits de la personne humaine.
Cela dit, quand il entreprend une action digne d’être saluée, on n’est pas sectaire pour ne pas le reconnaître. C’est le cas de son forcing qu’il mène ces 17 et 18 novembre, à Addis Abeba, pour tenter d’extirper l’Union africaine (UA) de la gangrène colonialiste. Il a notre mention « Très Honorable » à ce sujet.
En effet, un sommet extraordinaire de l’UA s’est ouvert, samedi, 17 novembre, à Addis Abeba, sous le signe d’une difficile réforme institutionnelle poussée par son président en exercice, le président rwandais Paul Kagame.
« Notre objectif est simple : renforcer l’Afrique et donner à nos peuples l’avenir qu’ils méritent », a affirmé le président rwandais à l’ouverture de ce Sommet rassemblant les 55 Etats membres de l’organisation panafricaine (notre photo).
« Les évènements dans notre continent et dans le monde confirment la nécessité et l’urgence de ce projet », a ajouté M. Kagame dont le mandat d’un an à la tête de l’UA expire en janvier.
L’UA avait chargé, en 2016, le leader rwandais de préparer cette réforme destinée à rendre l’UA plus efficace et moins dépendante de ses sponsors internationaux (Union européenne, Chine, pays arabes, etc.).
Ce Sommet de deux jours, selon les observateurs, est la dernière chance pour M. Kagame de faire adopter des mesures fortes, avant qu’il ne passe le relais au président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, moins enclin aux réformes.
Paul Kagame a cherché à tailler dans les dépenses de l’UA, en limitant le nombre de sommets et de commissions, et à réduire sa dépendance à l’égard des donateurs étrangers. Il a, aussi, suggéré qu’elle circonscrive ses priorités à la sécurité, la politique et l’intégration économique (échanges commerciaux et création d’une monnaie africaine notamment).
Mais plus de deux ans et cinq sommets après, plusieurs Etats clés sont, toujours extrêmement, réticents et l’espoir de voir un accord global être conclu tient à un fil que Paul Kagame espère tenir à Addis Abeba.