Les parlementaires éthiopiens ont désigné, ce jeudi, 25 octobre, à l’unanimité, et pour la première fois, une femme, Sahle-Work Zewde, présidente du pays, après la démission de celui qui occupait jusqu’à présent ce poste, essentiellement, honorifique. C’est, décidément, l’année de la femme en Ethiopie puisque dans le dernier gouvernement du premier ministre, Abiy Ahmed, on compte 50% de femmes (10 femmes et 10 hommes).
La diplomate de carrière, Sahle-Work, 68 ans, devient la quatrième chef de l’Etat en Ethiopie depuis l’adoption de la Constitution de 1995. Ce texte prévoit qu’un président peut être élu pour un maximum de deux mandats de six ans.
Elle était, jusque-là, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, auprès de l’Union africaine (UA). Auparavant, elle avait été ambassadrice en France, à Djibouti, au Sénégal, et la représentante permanente de l’Ethiopie auprès de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), le bloc régional est-africain.
Née à Addis Abeba, Sahle-Work a étudié en France et est, à l’heure actuelle, la seule femme chef d’Etat en Afrique.
Lors de son discours d’investiture, elle a salué les réformes réalisées par le nouveau premier ministre, Abiy Ahmed, entré en fonction en avril, et plus particulièrement, le choix récent de ce dernier de nommer un gouvernement dont la moitié des postes sont occupés par des femmes. Les ministères de la Défense et le nouveau ministère de la Paix ont, notamment, été attribués à des femmes.
« Si les changements réalisés actuellement en Ethiopie sont menés à la fois par des hommes et des femmes, leur élan aboutira à une Ethiopie libre de toute discrimination religieuse, ethnique ou basée sur le genre », a-t-elle déclaré.
« Les femmes sont les premières victimes de l’absence de paix », a-t-elle ajouté. « Durant mon mandat, je me concentrerai sur le rôle des femmes en vue d’assurer la paix, ainsi que, sur les bénéfices de la paix pour les femmes. J’appelle le gouvernement à éradiquer la pauvreté avec la pleine participation des femmes, car c’est une source d’instabilité ».
Elle a également appelé gouvernement et opposition à « se concentrer sur les choses qui nous unissent », afin de « créer un pays et une génération dont nous serons fiers ».
Avant de désigner la sexagénaire, les deux chambres du Parlement ont entériné la démission du président, Mulatu Teshome, qui occupait cette fonction depuis 2013.
Aucune explication n’a été fournie pour la démission de M. Mulatu un an avant la fin de son mandat. Mais, les observateurs estiment qu’elle résulte de négociations en cours entre les quatre partis formant la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF).
Le président éthiopien est officiellement le chef de l’Etat, mais, en dépit d’une importante influence sociale, ses responsabilités sont essentiellement symboliques et honorifiques. L’essentiel du pouvoir est aux mains du premier ministre, qui représente le pays dans les grands sommets internationaux.
En avril, l’EPRDF a choisi Abiy Ahmed comme nouveau premier ministre, pour la première fois, issu du plus grand groupe ethnique du pays, les Oromo. M. Mulatu vient également de cette ethnie.
M. Abiy a, depuis, entrepris un vaste programme de réformes, incluant la libération de dissidents, une ouverture de l’espace démocratique, ainsi que, la paix avec l’Erythrée voisine.