Le système imposé par Alassane Ouattara avec le soutien de la France est en train de dévoyer, complètement, la Côte d’Ivoire. Cela dit, il existe, encore, quelques rares Ivoiriens qui résistent à cet état de fait en cherchant à oeuvrer dans le bon sens (salutaire) collectif.
Quand Vincent Hervouët déclare que « les parachutistes français sont allés chercher Laurent Gbagbo dans son bunker [un aveu qui enterre définitivement la thèse selon laquelle la France n’a joué aucun rôle dans l’arrestation de l’ancien président ivoirien], qu’il faudrait être sourd, aveugle et complètement amnésique pour avoir confiance dans la CPI [parce que] les 82 témoins à charge ont été incapables de prouver les crimes dont il est accusé, que Gbagbo tient sa revanche, qu’il est victime du néocolonialisme qu’il n’a cessé de dénoncer toute sa vie, qu’il sortira de cette prison par la grande porte et qu’il jouera comme Mandela et Edmond Dantès », cela s’appelle rejoindre ceux qui ont toujours considéré que l’enfant de Mama était injustement détenu à la Haye et que méritaient de se retrouver derrière les barreaux uniquement ceux qui ont mis le pays à feu et à sang après avoir été battus à plate couture dans les urnes en novembre 2010. Je me réjouis évidemment que les écailles soient enfin tombées des yeux du journaliste d’Europe 1 mais ma joie ne sera complète que le jour où il reconnaîtra sur la même radio ou ailleurs que lui et ses confrères se sont trompés et ont été trompés par l’oligarchie financière mondiale et l’impérialisme international sur Laurent Gbagbo dont l’unique crime est d’avoir voulu servir son pays au lieu d’être au service de la France en Côte d’Ivoire, rôle peu glorieux dans lequel semble se plaire et se complaire Dramane Ouattara dont tout le monde découvre jour après jour la cruauté, l’incompétence et la duplicité. Car être un homme d’honneur et digne, c’est aussi cela : faire son mea culpa, admettre qu’on a eu tort de soutenir un imposteur contre un innocent à qui les autorités et les médias français ne pardonnent pas d’être indocile et d’aimer son peuple.
Gérard Collomb est l’une des rares personnes à avoir cru en Emmanuel Macron et à l’avoir soutenu quand ce dernier était ministre de l’Economie. Lorsque Macron accéda à la magistrature suprême, Collomb fut nommé ministre de l’Intérieur. Jamais il ne fut sermonné par Macron pour ses « écarts de langage » sur l’immigration ou d’autres sujets, ce qui faisait dire à certaines personnes qu’il était intouchable. Cet homme puissant a décidé de quitter le gouvernement malgré l’opposition de Macron. Il a pris cette décision parce qu’il ne se reconnaît plus dans ce pouvoir qui manque d’humilité et ne fait qu’enrichir les riches. Il faut saluer l’ancien maire de Lyon car il nous montre, à travers son geste, ce que signifie être un homme d’honneur et digne : avoir le courage de partir quand les valeurs auxquelles on croit ne sont plus partagées par les camarades. Merci, M. Collomb, de nous rappeler qu’il est ridicule et lâche de s’accrocher à une chose (gouvernement, parti politique, congrégation religieuse, etc.) que l’on regarde en même temps comme un lourd boulet.
Mgr Alexis Touabli Youlo (sur notre photo en train de poser la première pierre d’une église), évêque d’Agboville et ancien président de la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire, a récemment invité les paroisses catholiques à ne pas accepter l’argent des candidats en pleine campagne électorale : « Un candidat qui n’a pas de pratique religieuse assidue et qui, d’ordinaire, n’aide pas sa paroisse à faire face à ses charges, ne peut pas, sous prétexte que la campagne électorale a commencé, donner des millions et être reçu en héros… Les paroisses doivent refuser de prendre ce genre de don. Dans de tels cas, tout le monde sait que ce ne serait pas un don gratuit car il n’est pas fait par amour pour l’église ». La position de Mgr Touabli est d’autant plus méritoire que la paroisse Saint-Philippe d’Abobo-Sagbé n’a pas hésité un seul instant à accepter les millions d’Hamed Bakayoko, ce qui n’est vraiment pas une surprise quand on sait que les jésuites qui dirigent cette paroisse ont toujours soutenu Ouattara, qu’ils ont hébergé quelques assaillants en janvier 2001 et qu’ils pratiquent la même politique que le RDR : vivre chez les autres sans eux (actuellement, les jésuites ivoiriens sont affectés hors du pays et seuls des jésuites français, béninois, guinéens et burkinabè travaillent et vivent à l’INADES-CERAP). Félicitations à Mgr Touabli qui, par cette prise de parole claire et nette, témoigne qu’un homme d’honneur et digne ne se laisse pas acheter par des criminels et voyous !
Jean-Claude DJEREKE
Professeur de littérature à l’Université de Temple (Etats-Unis)