L’envie de sortir de prison de Laurent Gbagbo semble prendre le dessus sur le bon sens. Présidée par un proche de l’ancien président, Aboudramane Sangaré, l’aile dissidente du FPI (Front populaire ivoirien) a confié sa présidence au prisonnier Laurent Gbagbo. Autrement dit, c’est depuis sa prison de la CPI (Cour pénale internationale) qu’il dirigera son aile du FPI, l’autre aile, dite officielle, étant présidée par l’ancien premier ministre, Pascal Affi N’Guessan. Les partisans de Laurent Gbagbo n’ont pas tort de le positionner. Sa demande de liberté provisoire devrait être examinée en octobre. Cette fois-ci, ses avocats gardent bon espoir après la libération du RDCongolais, Jean-Pierre Bemba, dont le dossier, comme celui de Gbagbo, était, aussi, vide bien que gardé en prison. Bemba s’est, d’ores et déjà, porté candidat à la présidentielle du 23 décembre au Congo-Kinshasa, dès le 3 août.
Le RHDP ayant donné lieu à un parti unifié qui ne réunit pas tous ses partis adhérents dont le PDCI d’Henri Konan Bédié, il y a donc de la contestation dans l’air dans l’initiative conduite par le président, Alassane Ouattara. Visiblement, le PDCI serait à la recherche de nouvelles alliances pour présenter son candidat à la présidentielle de 2020, après avoir refusé de se soumettre aux primaires voulues par Alassane Ouattara. Désigné président du parti unifié (RHDP), Alassane Ouattara se dirigerait, doucement mais sûrement, vers un troisième mandat dont ne veut plus le PDCI. Les alliances de la vieille dame cinquantenaire serait, donc, à rechercher du côté des ennemis d’hier, en l’occurrence, les deux tendances du FPI.
Dans tous les cas, l’élection de Laurent Gbagbo comme président d’une aile du FPI n’est pas anodine. Elle sonne comme une volonté de ce parti de sortir de son isolement en mettant en avant celui qui symbolise le mieux ses valeurs, son unité, surtout, son rayonnement. Les grandes manœuvres pour 2020 ne font que commencer.
Comment a-t-il élu ? Laurent Gbagbo, 73 ans, seul candidat en lice, a été élu avec plus de 97,5% des voix exprimées des 5.325 votants, à l’issue de deux jours du « quatrième congrès ordinaire » de la faction dissidente du FPI, à Grand Bassam, près d’Abidjan.
« Nous sommes satisfaits (…), le congrès nous a permis d’apprécier la vitalité du parti et montre que Laurent Gbagbo reste la pierre angulaire de notre formation », selon Franck Anderson Kouassi, le secrétaire national à la Communication du FPI dissident.
De son côté, Pascal Affi N’Guessan, 65 ans, a été réélu pour un mandat de cinq ans, il y a une semaine, président du FPI officiel, reconnu par les instances judiciaires et administratives du pays.
Le parti est traversé par une crise qui oppose Pascal Affi N’Guessan au camp rival d’Aboudramane Sangaré (notre photo montrant les salutations froides des deux frères ennemis), un proche de Laurent Gbagbo.
Premier ex-chef d’Etat remis à la CPI, Laurent Gbagbo est écroué depuis fin 2011 à La Haye, où il est jugé par la CPI pour « crimes contre l’humanité » présumés commis lors de la crise post-électorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts en Côte d’Ivoire.