La diplomatie a ses secrets que la diplomatie ignore. Au Cameroun, pays de Um Nyobe, Moumié, Manga Bell, Ouandié, Ossendé Afana, Mbida, Atangana et j’en passe, on n’est pas né de la (première) pluie. On sait qui est qui et qui aime quoi, comment et pourquoi ? Dans sa suffisance suprême, Donald Trump n’a pas utilisé le tact de Barack Obama ou la finesse d’Hillary Clinton, pour coopérer avec le Cameroun sans sympathiser avec ses dirigeants. Le milliardaire de la Maison Blanche, diplomatiquement, parlant peut être comparé à un éléphant qui fait irruption dans un magasin de porcelaine. Sinon, il se serait embarrassé des qu’en dira-t-on avant d’envoyer son ambassadeur au Cameroun dire urbi et orbi à Paul Biya de suivre l’exemple de Nelson Mandela en ne se présentant pas à la présidentielle d’octobre. C’est une provocation tellement de bas étage que ne peuvent tolérer même les pires ennemis du président camerounais, au nom de l’indépendance et de la souveraineté de leur pays.
Soyons juste. Immédiatement après cette sortie (maladroite mais calculée) de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun (qui avait d’ailleurs suscité un tollé tel qu’il avait été obligé de partir aux Etats-Unis pour deux semaines, afin de favoriser la baisse de la tension), l’ambassadeur de France au Cameroun, lui, avait apporté le soutien de la France, au Cameroun, dans cette affaire qui pue la déstabilisation planifiée. Merci Mr l’ambassadeur, ont dit les Camerounais, sauf que l’ambassadeur de France n’est ni le chef de la diplomatie française, ni le président français.
Or, le mois dernier, le ministre français des Affaires étrangères, a effectué un voyage en Afrique centrale qui l’a conduit à Brazzaville, puis, N’Djamena, en évitant, soigneusement, Yaoundé. Quelle explication le Quai d’Orsay donne-t-il à cet itinéraire aux Camerounais alors que le Cameroun fait face à un ogre qui se croit tout permis dans sa régence du monde ?
Mardi, 3 juillet, le président français se rendra au Nigeria pour rencontrer le président de ce pays voisin du Cameroun. Pourquoi n’a-t-il pas envisagé un détour de quelques heures par Yaoundé (comme son prédécesseur l’avait fait en juillet 2015 en provenance d’Angola quand il fallait défendre le dossier de Bolloré qui voulait en plus du port de Douala s’octroyer le port de Kribi devenu opérationnel depuis quelque temps et qui présente un tirant d’eau de plus de 16 mètres de profondeur, soit le plus important de toute la côte ouest et centrale africaine) ? On expliquerait ce refus par le fait que cette fois, la France n’a pas d’intérêt à défendre à Yaoundé sinon, l’ancien banquier d’affaire aurait atterri pour quelques heures à Nsimalen. Samedi, 30 juin, il a bien eu son homologue camerounais au téléphone pour un long échange diplomatique, mais, cela est loin, très loin, d’être suffisant, sauf à considérer le Cameroun comme un pays (mineur), ce qui serait, non seulement, fâcheux, mais une très grave erreur.
Soyons juste une fois encore : en prévision de ces deux gestes inamicaux (visite du patron du Quai d’Orsay et du chef de l’Etat chez les voisins du Cameroun en évitant Yaoundé), Paris a dépêché un des adjoints du chef de la diplomatie française pour signer quelques contrats dans le cadre de la reconversion de la dette française en projets. Ce dernier a rencontré les hautes autorités locales. C’est bien. Mais l’acte n’est pas à la hauteur des enjeux. Les Français se plaignent que les Africains veuillent les chasser de l’Afrique mais ils ne font pas ce qu’il faut pour rester dans le cœur des Africains. Les Camerounais voulaient Macron. A défaut Le Drian. Il n’est pas tard. En rentrant à Paris après son escapade à Abuja, le président français peut toujours bifurquer par Yaoundé. Afriqueeducation.com le lui conseille vivement.
Au moment où Washington sort ses grands yeux pour essayer de déstabiliser le Cameroun (mais ce ne sera pas possible), les Camerounais ont besoin du soutien de leur principal ami (pas la Chine), la France. Et c’est au président français, Emmanuel Macron, himself, de marquer cet acte d’amitié.