Le président de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, va-t-il mettre sa menace à exécution ? Après avoir indiqué à qui voulait l’entendre qu’il demandait la fin des querelles au sein de la grande famille houphouétiste du RHDP, mais aussi, la mise en place d’un « parti unifié » avant la présidentielle, sinon, il se réservait la possibilité de briguer un troisième mandat, la nouvelle constitution lui donnant cette possibilité, le PDCI que préside son aîné, Henri Konan Bédié ne s’en est pas laissé décontenancer. Pour preuve, il a rejeté, dimanche, 17 juin, la mise en place d' »un parti unifié » avant la présidentielle de 2020, créant une véritable situation de défiance à l’endroit du chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara.
« Le bureau politique du PDCI (ex parti au pouvoir), rassure les militants (…) de la détermination du parti à reconquérir le pouvoir en 2020 », souligne un communiqué final du parti, après six heures de débats.
« Face aux enjeux futurs et soucieux de la préservation de l’union des militants », le parti a, également, « décidé du report après la présidentielle de 2020, de son 13e congrès ordinaire » pourtant prévu en 2018.
Cependant, pour la plus vielle formation politique ivoirienne, la création d’un « grand parti unifié » ne sera effective qu’à l’issue d’une période transitoire de 12 à 18 mois, au cours d’un congrès.
Cette « importante réunion » du PDCI en présence de son chef, l’ancien président, Henri Konan Bédié, intervient deux semaines après une déclaration d’Alassane Ouattara, laissant entrevoir l’idée d’un troisième mandat, dont le deuxième s’achève en 2020.
« La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », a déclaré M. Ouattara, interrogé sur la possibilité de se représenter.
Le RDR, parti du président ivoirien, Alassane Ouattara, a voté, début mai, lors d’un Congrès extraordinaire pour la formation d’un grand « parti unifié » avec ses alliés au pouvoir, mais, veut une primaire avant la présidentielle de 2020.
Les cadres du RDR vont déposer des statuts auprès des autorités et fixer la date d’un congrès constitutif « dans les meilleurs délais », a indiqué Alassane Dramane Ouattara.
La transformation en un parti unifié de la coalition au pouvoir Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) est un serpent de mer de la politique ivoirienne depuis une dizaine d’années.
Voulu par le président Ouattara, elle se heurtait à des réticences au sein de son propre parti, mais surtout, de ses alliés et, notamment, du principal d’entre eux le PDCI, de l’ancien président, Henri Konan Bédié, qui a permis son élection en 2010 et 2015.
Un des points d’achoppement est, justement, l’investiture du candidat à la présidentielle 2020 : une partie des membres du PDCI estime que cette investiture revient de droit à leur formation, puisqu’ils ont soutenu celle du RDR à deux reprises (notre photo montrant Henri Konan Bédié).