Le chef de l’Etat ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), s’est rendu, dimanche, 11 octobre, à Bamako, où il a expliqué avoir « bon espoir » que les autorités de transition maliennes respecteront leurs engagements. Au Mali, comme on sait, le danger est derrière nous : il n’y a plus d’urgence à courir de ce côté car la transition est, désormais, sur les rails. Là où le feu couve sous les cendres et nécessite une intervention rapide et plus que vigoureuse de la CEDEAO, c’est en Côte d’Ivoire où une périlleuse élection est programmée pour le 31 octobre. Le tenant du pouvoir, Alassane Ouattara dit le « menteur d’Abidjan », veut à tout prix l’organiser pour passer en force et obtenir un 3e mandat que lui interdit la constitution, tandis que l’opposition unie derrière l’ancien président, Henri Konan Bédié, a lancé la désobéissance civile pour l’en empêcher, tant qu’il n’organisera pas une table ronde pour remettre à plat les conditions dans lesquelles cette présidentielle est appelée à se tenir. C’est donc dire qu’il y a, ici, un dialogue de sourds, qui nécessiterait une intervention urgente du président en exercice de la CEDEAO, Nana Akufo-Addo. Mais, on ne l’entend pas. C’est comme s’il évitait de s’attaquer au problème ivoirien à moins qu’il n’attende que plusieurs centaines de morts puissent être comptabilisés avant de réagir. Ou alors, attend-il la survenue d’un coup d’état militaire (comme au Mali d’où il vient) pour imposer des sanctions à la junte qui aura mis toutes les parties ivoiriennes au conflit d’accord. Il faut noter qu’il y a déjà eu une trentaine de morts au lendemain de l’annonce, le 6 août, de la candidature du « menteur d’Abidjan » pour un 3e mandat jugé anticonstitutionnel.
Accompagné notamment par l’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, médiateur dans la crise malienne, et le président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, Nana Akufo-Addo a rencontré le président de transition, Bah N’daw, et le vice-président de transition, le chef de la junte, le colonel, Assimi Goïta. Il s’est, également, entretenu avec le premier ministre de transition, Moctar Ouane, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate de carrière.
Pour les responsables de l’institution sous-régionale, il faut continuer dans cette bonne direction, en installant rapidement le Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif. Mais, surtout, en établissant une feuille de route claire pour que dans 18 mois, le témoin soit passé à un président démocratiquement élu. Le président en exercice de la CEDEAO « a exhorté les autorités de la transition à finaliser le calendrier du processus électoral pour arriver aux élections présidentielle et parlementaires dans le délai indiqué », selon un communiqué lu lors de la conférence de presse.
Qu’en est-il de la Côte d’Ivoire où il est minuit moins cinq ? Motus et bouche cousue du côté de la CEDEAO, de son président en exercice, le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, et du président de sa Commission, l’Ivoirien, Jean-Claude Kassi Brou (sur notre photo, beaucoup de complicités entre Nana Akufo-Addo et le « menteur d’Abidjan »).
C’est comme si la CEDEAO avait déjà pris position en faveur du 3e mandat de Ouattara sinon le président, Henri Konan Bédié, lors du giga-meeting du 10 octobre, n’aurait pas sauté par dessus la tête de cette organisation sous-régionale pour appeler à la rescousse, le très lointain secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, depuis New York.
Dans le cadre de sa diplomatie préventive, la CEDEAO peut, encore, valablement se saisir du problème ivoirien car ce pays est en train d’aller vers le mur sous nos yeux. Pour préserver des vies et les biens, son opposition est en train de crier « Nana Akufo-Addo au secours » !