La Chine a lancé ce jeudi, 17 juin, le vaisseau Shenzhou-12 transportant trois astronautes vers sa station spatiale encore en construction, pour le plus long séjour en orbite d’un ressortissant chinois. Les trois astronautes chinois ont décollé, jeudi, 17 juin, pour le premier vol habité à destination du « Palais céleste » que Pékin assemble face à la Station spatiale internationale.
A l’heure prévue, la fusée Longue-Marche 2F a quitté à 09 h 22 (03 h 22 à Paris) son pas de tir du Centre de lancement spatial de Jiuquan, dans le désert de Gobi (Nord-Ouest).
Il s’agit du premier vol habité pour la Chine depuis près de cinq ans et d’un record de durée dans l’espace en perspective pour le géant asiatique : les trois astronautes vont rester trois mois en orbite.
Dans un contexte de tension avec l’Occident, la réussite de la mission est une question de prestige pour Pékin, qui s’apprête à célébrer le 1er juillet le centenaire du Parti communiste chinois (PCC).
Les trois militaires ont pris place à bord du vaisseau Shenzhou-12, qui s’arrimera à l’unique module de la station déjà dans l’espace (notre photo). Centre de contrôle et lieu de vie des astronautes, ce module a été placé fin avril en orbite terrestre basse (à 350-390 km d’altitude).
A son bord, les astronautes ne chômeront pas : maintenance, installation de matériel, sorties dans l’espace, préparation des missions de construction à venir et des séjours des futurs équipages.
Appelée Tiangong (« Palais céleste »), la station spatiale chinoise, une fois terminée, sera semblable en taille à l’ex-station soviétique MIR (1986-2001). Sa durée de vie sera d’au moins 10 ans.
La Chine s’est résolue à construire sa propre station dans l’espace après le refus des Etats-Unis de la laisser participer à la Station spatiale internationale (ISS).
Cette dernière – qui réunit les Etats-Unis, la Russie, le Canada, l’Europe et le Japon – doit prendre sa retraite en 2024, même si la Nasa a évoqué une prolongation possible au-delà de 2028.
Décollage de la fusée très bien suivi par le Parti communiste chinois.
« Nous sommes prêts à coopérer avec n’importe quel pays qui s’engage en faveur de l’utilisation pacifique de l’espace », a déclaré un haut responsable de l’Agence chinoise des vols habités (CMSA), Ji Qiming.
Mercredi, 16 juin, l’astronaute français, Thomas Pesquet, et son co-équipier américain, Shane Kimbrough, ont effectué sans encombre une sortie de plus de sept heures dans l’espace afin de déployer un panneau solaire de nouvelle génération à l’extérieur de l’ISS.
Juste avant leur départ, le commandant de la mission, Nie Haisheng, accompagné de Liu Boming et Tang Hongbo, ont dit adieu à leurs proches et à leurs collègues lors d’une cérémonie au fort contenu patriotique lors de laquelle a retenti un vieux refrain révolutionnaire : « Pas de Chine nouvelle sans le Parti communiste ».
Lors d’une conférence de presse mercredi, les trois astronautes avaient adressé un salut militaire aux journalistes, devant un grand drapeau rouge aux cinq étoiles.
Nie Haisheng, qui a déjà effectué deux vols spatiaux, a souligné la dimension patriotique de l’opération.
« Depuis des décennies, nous avons écrit de glorieux chapitres de l’histoire spatiale chinoise et notre mission incarne les attentes du peuple et du Parti lui-même », a-t-il déclaré.
Le trio a subi plus de 6 000 heures d’entraînement dont des culbutes en piscine en combinaison spatiale, afin de s’habituer aux sorties en apesanteur.
« Nous nous sommes battus à chaque minute pour accomplir notre rêve spatial », a témoigné Liu Boming, l’un des membres de l’équipage. « Je me suis entraîné en me consacrant à la cause ».
Dans leur capsule, les trois militaires auront le choix entre 120 aliments à l’heure des repas et pourront s’entraîner sur un tapis roulant pour garder la forme.