Les autorités de Diffa, dans le Sud-Est du Niger, ont lancé une dernière mise en garde contre les commerçants qui fournissent, clandestinement, des vivres au groupe islamiste nigérian, Boko Haram, a indiqué, ce samedi, 30 septembre, la télévision nationale.
« Nous avons constaté que de plus en plus de gens sont en train d’entretenir le commerce avec notre ennemi qui est Boko Haram (…). Nous avons pris la décision qu’à partir d’aujourd’hui, il va falloir arrêter cela », a déclaré Mahamadou Laoualy Dandano, le gouverneur de Diffa, lors d’une réunion avec les opérateurs économiques locaux.
Des chefs militaires engagés dans le combat contre Boko Haram étaient présents à la réunion, selon les images de la télévision.
« Nous leur avons clairement expliqué qu’il n’y a pas de différence entre un élément de Boko Haram et quelqu’un qui fait du commerce avec Boko Haram », a précisé le gouverneur. C’est un cas de haute trahison, leur a-t-il fait comprendre. « Le message est passé : dorénavant, le même traitement infligé à Boko Haram sera réservé à ceux qui commercent avec lui », a-t-il, fermement, mis en garde.
D’après la télévision nigérienne, « l’ampleur » des échanges avec les djihadistes « risque de compromettre tous les efforts consentis dans la lutte contre Boko Haram ».
« Des gens ont été formellement identifiés, mais, on leur laisse une dernière chance pour se ressaisir », a confié un élu local.
Pour contenir les attaques incessantes et les infiltrations des insurgés nigérians, Niamey a décrété l’état d’urgence et un couvre-feu à Diffa. Les autorités ont évacué des zones sur le Lac Tchad, interdit le commerce du poisson et des poivrons, fermé des marchés. Les ventes de carburant et d’engrais sont, aussi, soumises à des autorisations préalables.
Les membres de Boko Haram profitaient des marchés pour s’infiltrer au Niger ou pour « revendre les animaux volés », a justifié l’élu local. Mais, des commerçants, au bord de la ruine, réussissent à contourner ces mesures pour ravitailler les islamistes nigérians basés de l’autre côté de la frontière, a-t-il déploré.
L’astuce consiste « à stocker des vivres dans la broussaille », tout près de la frontière, « la nuit les éléments de Boko Haram viennent les chercher », en « déposant de l’argent au même endroit », a expliqué une source humanitaire.
Diffa abrite quelque 300.000 réfugiés et déplacés, dont des milliers vivent au milieu d’une population locale, déjà, très pauvre, selon l’ONU, qui demande à la communauté internationale d’accroître son soutien financier.