IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) a été prié d’oublier, pendant quelque temps, ses gros soucis de politique intérieure, notamment, ceux ayant trait à la constitution qu’il entend modifier malgré le refus de l’opposition. Ce 2 juillet, autour de ses cinq homologues dont le Français, Emmanuel Macron (notre photo), il fallait être concret, précis. On l’a été, Macron restant banquier dans l’âme. Avec lui, tout se chiffre, au centime près.
Au sortir du huis clos où on a beaucoup parlé « argent », on a fixé le budget de la Force à, exactement, 423 millions d’euros. Sur ce budget, l’Union européenne a d’ores et déjà promis 50 millions d’euros. La France vers qui les regards maliens étaient tournés, ne pourra donner que 8 millions d’euros, d’ici fin décembre 2017. A cette enveloppe, Paris ajoutera 70 véhicules militaires et du matériel logistique et de transmission pour les futurs soldats de la Force. A chacun des 5 pays du G 5 Sahel, il a été demandé un apport de 10 millions d’euros, y compris le Tchad dont le président menace de quitter la coalition. Voilà, en théorie, les recettes prévues d’ici fin décembre, c’est-à-dire, 108 millions d’euros sur les 423 millions d’euros attendus, soit, à peu près le quart du budget de la Force. Conclusion : on est encore très loin du compte.
Le reste n’est que littérature même si Emmanuel Macron a dit qu’il essaiera de mobiliser les partenaires extérieurs dont les Européens qui se réuniront le 13 juillet prochain à Paris. Le président français compterait, notamment, sur la chancelière allemande et les premiers ministres belge et néerlandais. Mais, l’Allemagne peut-elle donner plus que la France qui a fixé sa dotation à seulement 8 millions d’euros ? On en doute, puisqu’au même moment, l’Allemagne qui préside le G 20 a initié un Plan Marshall pour l’Afrique dont elle est le principal bailleur de fonds pour le moment.
Reste l’Algérie où Emmanuel Macron se rendra dans les prochaines semaines en voyage officiel. Le budget du ministère de la Défense de l’Algérie, à lui tout seul, est supérieur au budget total de l’Etat du Niger. Alger est donc une force financière notable qui aurait pu donner de l’oxygène au G5 Sahel. Sauf que l’Algérie n’aime pas s’aligner derrière les initiatives menées par l’ancienne puissance coloniale, alors qu’elle clame sa souveraineté pleine et entière depuis 1962. Conséquence, il ne faut pas attendre grand-chose de ce côté.
Que faut-il faire ? Visiblement, on tourne en rond faute de financements. Le G5 Sahel devrait copier ce qui est fait, actuellement, dans la lutte contre Boko Haram par les quatre pays concernés (Nigeria, Cameroun, Niger et Tchad), qui combattent cette secte. Après avoir attendu le soutien de la communauté internationale sans jamais la voir arriver, ces quatre pays se sont organisés de manière autonome pour mener, ensemble, la guerre contre cette secte terroriste, avec des résultants, aujourd’hui, palpables. Boko Haram, réduit à sa simple expression, ne se livre qu’à des attentats-suicide, aujourd’hui. Le Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, doivent, avant tout, compter sur leurs propres forces. C’est, d’ailleurs, le message que Donald Trump leur a envoyé. S’ils croient compter sur la communauté (dite) internationale, ils seront encore là à l’attendre dans dix mille ans.