Malgré ses grosses menaces à grands renforts de publicité proférées, vendredi, 12 mai, sous la pression, semble-t-il, du président, Alassane Ouattara, le chef d’état major des armées, le général Touré Sékou, est en train de se rendre compte lui-même ce que peuvent valoir ses diktats dans les casernes : Absolument Rien ! Depuis ce matin, les casernes de l’ensemble du pays connaissent, à nouveau, des tirs nourris provoqués par des soldats en colère. Et ce n’est pas les forces (dites) loyalistes qui pourront changer le cours des choses car ces dernières, en toute objectivité, ne peuvent pas travailler contre leurs intérêts. Ces forces loyalistes savent que les mutins travaillent, aussi, pour elles qui s’affichent comme étant des soldats loyalistes.
Ce matin, la mutinerie a (re)gagné les casernes d’Akouédo, le plus grand camp militaire du pays, à Abidjan, mais aussi, le camp Gallieni qui abrite l’état-major des armées et qui se situe dans le quartier administratif du Plateau, toujours, dans la capitale économique ivoirienne. A Bouaké où des anciens chefs rebelles (Issiaka Ouattara, Chérif Ousmane, Koné Zakaria et Hervé Touré) ont négocié, hier, sans grand succès, la détermination des mutins n’ayant, nullement, faibli, la ville est, toujours, contrôlée par les mutins.
Cela dit, les mutins ont tenu à lever l’équivoque : « Ce n’est pas un coup d’état. Nous voulons nos primes. Le président (Alassane Ouattara) a signé un papier pour dire qu’il était d’accord pour nos primes. Quand il paiera, on rentrera chez nous », a déclaré un porte-parole des mutins au camp du 3e bataillon d’Infanterie de Bouaké, épicentre de la mutinerie.
« On ira jusqu’au bout. On ne baissera pas les armes. Nous sommes les 8.500 qui avons porté Ouattara au pouvoir, on ne veut pas le faire partir mais il doit tenir sa parole. C’est simple », a-t-il ajouté. Traduction : ce qui est une demande noble, négociée et acceptée par le pouvoir, pourrait le devenir suite à l’incompréhensible entêtement du chef de l’Etat.
La famille du président Ouattara s’est beaucoup enrichie. La première dame qui n’est pas une institution républicaine dispose d’un budget annuel de 300 milliards de F CFA (450 millions d’euros). Pour quoi faire ? Le premier mandat du président a connu beaucoup de réalisations surfacturées qui ont largement profité aux proches du président de la République, sous le regard malveillant des soldats qui ne réclament, aujourd’hui, que ce que le président (quand il était maquisard et fomenteur de coups d’état) leur avait promis dans la rébellion. Rien de plus.
Plus sage et mieux inspiré que son patron, Guillaume Soro (sur notre photo avec Alassane Ouattara), l’actuel président de l’Assemblée nationale réclame, lui, la négociation avec les mutins.