Dans le camp de Bongo Ondimba Ali (BOA), on croyait, sincèrement, que le hold up exercé par la CENAP et la Cour constitutionnelle, ajouté aux multiples arrestations et tueries des forces de défense et de sécurité, suffiraient à faire plier, définitivement, Jean Ping et ses partisans. Que non ! Au contraire, Jean Ping semble dopé comme jamais pour récupérer son pouvoir. Car il faut avouer que du côté du Palais du Bord de Mer, on n’a, jamais, réellement, considéré Ping comme un combattant de la liberté du genre Etienne Tshisekedi ou Bernard Kolelas (avant son fatal ralliement à Denis Sassou-Nguesso, ce qui précipita sa mort).
Pour les émergents de BOA, Jean Ping n’est qu’un diplomate de luxe, habitué à boire du champagne et à manger du caviar, quand il ne passe pas son temps à parcourir le monde, en cabine première classe, grâce à l’argent du contribuable. Et par conséquent, il ne sait pas ce que veut dire souffrir ou se faire bastonner par les forces de répression de BOA. Pourtant, Jean Ping montre, chaque jour que Dieu fait, qu’il est le contraire de ce que BOA et ses partisans croient qu’il est. Jean Ping les surprendra-t-il jusqu’à arracher son pouvoir usurpé ? Car aux grands maux les grands remèdes. BOA ayant dévoyé la démocratie pour conserver le pouvoir, au nom de quoi Ping s’interdirait-il d’utiliser les moyens qui s’offrent à lui pour récupèrer son fauteuil ? Il semble, donc, dérouler son planning qui planifie la chute de BOA. Il le fait après avoir « réprimé », ni vu ni entendu, au sein du mouvement qui l’a soutenu à la présidentielle, les velléités de quelques ténors qui avaient mordu à l’hameçon de BOA.
C’est ainsi qu’après avoir créé le Conseil gabonais de la résistance dans le but d’unifier la diaspora, voici, depuis le samedi, 15 octobre, la naissance de la Coalition pour la nouvelle République (notre photo). Composée de toutes les «forces politiques et de progrès, des personnalités politiques, des groupements politiques, sociaux et religieux ayant soutenu la candidature de Jean Ping» à l’élection présidentielle du 27 août 2016, cette alliance est le passage qui mène au Palais du Bord de Mer où BOA est, inconfortablement, assis dans le fauteuil présidentiel.
D’autre part, le calendrier événementiel et politique du Gabon est très favorable à Jean Ping. Après avoir réussi à contenir la déstabilisation dans son camp que BOA a cherché à orchestrer, en achetant avec des espèces sonnantes et trébuchantes quelques hauts cadres de l’équipe de Ping, place, maintenant, au « véritable » président « élu » du Gabon de rendre à BOA la monnaie de sa pièce. Car fragile, aujourd’hui, BOA le sera, encore plus, à quelques jours d’une rentrée scolaire incertaine prévue le 31 octobre, et déjà repoussée d’un mois. BOA est, aussi, sur siège éjectable grâce à de très suicidaires élections législatives prévues en décembre prochain. Les reporter lui permettra de gagner un peu de temps mais ça ne changera rien sur le fond. BOA a aussi peur que l’instabilité au Gabon puisse faire capoter la CAN de janvier 2017.
Jean Ping a, donc, plusieurs cartes en main, sans oublier le refus massif de l’opposition, à sa demande, d’accepter le dialogue politique de BOA.
Cela dit, Jean Ping (doit vite apprendre à être chef de l’opposition), tout en étant prévenant. Alors que l’Afrique reconnaît sa victoire à la présidentielle du 27 août passé, il a omis d’envoyer des représentants (émissaires), à Lomé, où s’est tenu, samedi, 15 octobre, un Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime. C’est d’autant plus une erreur (pire une faute) politique commise qu’à Lomé, les participants africains à ce Sommet (dont certains avaient pu assister à un titre ou à un autre à cette présidentielle au Gabon) reconnaissaient, parfaitement, dans les conversations, sa victoire sans bavure et incontestable. Heureusement pour BOA : seuls son premier ministre, Issoze Ngondet, et son ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Moubelet Boubeya, y ont participé, faisant l’objet de toutes les curiosités car perçus comme des fraudeurs patentés dont la nouvelle Afrique n’a plus besoin.