On n’a qu’à identifier le flot de réfugiés érythréens qui tentent de gagner l’Italie, par bateau, sinon, à la nage, quand celui-ci chavire, pour savoir que l’Erythrée est devenue un enfer sur terre. Car il n’y a que les pays en guerre pour tenir la concurrence avec elle : la Syrie, l’Irak, le Yémen, la Somalie et le Soudan. Arrivé au pouvoir avec le soutien de Washington qui le brandissait, dans les années 90, comme le modèle de dirigeant africain type de demain, tout comme, c’était le cas, aussi, pour l’Ethiopien, Meles Zenawi, ancien premier ministre décédé, en 2012, alors qu’il en était à sa dix-septième année de pouvoir (premier ministre), l’Ougandais, Yoweri Museveni, Isaïas Afeworki (notre photo accompagné de Yoweri Museveni portant son traditionnel chapeau d’ex-guerillero) est devenu le bourreau de son propre peuple au propre comme au figuré. Il tue, torture, fait violer, embrigade, emprisonne. Bref, l’Erythrée, de l’avis du voisin, éthiopien, est un véritable enfer sur terre. Ce n’est un secret pour personne, même pas pour les Nations-Unies.
Sa Commission d’enquête sur la situation des droits de l’homme en Erythrée a, justement, publié, mercredi, 8 juin, un nouveau rapport indiquant que des crimes contre l’humanité ont été commis de manière généralisée et systématique dans les centres de détention, les camps d’entraînement militaire et d’autres endroits à travers le pays, au cours des 25 dernières années.
Selon ce rapport, les crimes de réduction en esclavage, d’emprisonnement, de disparitions forcées, de torture, de persécution, de viol, de meurtre et d’autres actes inhumains, ont été commis, dans le cadre d’une campagne généralisée et systématique visant à instiller la peur, à dissuader l’opposition et à contrôler la population civile érythréenne depuis que les autorités érythréennes ont pris le contrôle du territoire érythréen en 1991.
« L’Erythrée est un Etat autoritaire. Il n’y a pas de système judiciaire indépendant, pas d’assemblée nationale et il n’y a pas d’institutions démocratiques en Erythrée. Cela a créé un vide de gouvernance et d’état de droit qui entraîne un climat d’impunité propice aux crimes contre l’humanité qui sont commis depuis plus d’un quart de siècle. Ces crimes se produisent encore aujourd’hui », selon Mike Smith, le président de la Commission d’enquête.
« Il n’existe aucune véritable perspective que le système judiciaire érythréen traduise en justice, de manière équitable et transparente, les auteurs présumés de ces crimes. Les auteurs de ces crimes doivent faire face à la justice et les voix des victimes doivent être entendues. La communauté internationale doit maintenant prendre des mesures, y compris, en référant la situation à la Cour pénale internationale (CPI), ainsi qu’en utilisant les tribunaux nationaux compétents et tout autre mécanisme disponible, en vue d’établir les responsabilités pour les atrocités commises en Erythrée», a-t-il ajouté.
Le rapport souligne, également, que « les Erythréens continuent d’être soumis à un service national illimité et que la durée illimitée du service militaire ou du service national est souvent mentionnée par les Erythréens comme la raison principale qui les pousse à fuir leur pays ».
Le rapport indique que « l’apparence de tranquillité et de normalité aux yeux d’un visiteur occasionnel du pays et de ceux confinés à certains quartiers de la capitale contredit les schémas persistants de violations des droits de l’homme ».
Malgré les demandes adressées au gouvernement érythréen, la Commission, assure-t-elle, est interdite de séjour en Erythrée. Sauf le jour où elle donnera des gages pour écrire dans son rapport que le président Isaias Afeworki est le chef d’Etat le plus démocrate de la terre et que son semblable n’existe nulle part sur la terre.