Quelques jours avant l’ouverture des pourparlers, à Arusha, sans l’opposition au pouvoir, sous l’égide du facilitateur et ancien président de Tanzanie, Benjamin William Mkapa, le petit despote de Bujumbura, Pierre Nkurunziza (notre photo où on le voit subir une leçon de lavage de cerveau), a envoyé, en catimini, ni vu ni connu, à l’abri de tous les regards, une délégation de deux personnes, au moins, à Luanda, afin de rencontrer le président angolais, José Eduardo dos Santos. La présidence burundaise ayant gardé cette mission secrète, elle n’en a, publiquement, pas fait état. Mais, on suppose que le président angolais était invité à être généreux à l’endroit de son jeune frère en difficulté, au point d’être incapable de payer les frais de mission de tous les membres de la délégation qui devaient se rendre du 21 au 24 mai, à Arusha.
Pourquoi le Burundi est au bord du gouffre, aujourd’hui, alors que si Nkurunziza ne s’était pas présenté aux élections, en juillet 2015, il y aurait un autre président de la République à la tête de l’Etat, qui aurait poursuivi la reconstruction du pays. Mais s’étant entêté pour finalement passer en force, après avoir multiplié les assassinats de ses opposants quand il ne les poussait pas à un exil hors du Burundi, Nkurunziza a réussi, en un an de présidence de ce mandat controversé, à faire revenir son pays en arrière de 5 ans. Et ce n’est pas fini car toutes les coopérations (en dehors de celles qui profitent directement aux populations) sont suspendues dont celle de l’Union européenne qui, à elle seule, représente plus de la moitié du budget.
Le petit despote de Bujumbura est invité à quitter le pouvoir. Le plus tôt serait le mieux. Ses manœuvres pour fausser les pourparlers d’Arusha n’ont rien donné. En effet, il avait demandé au facilitateur Mkapa de n’inviter que les membres de l’opposition du CNARED (Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi et de l’état de droit) que lui, Nkurunziza, voulait désigner, et non les membres choisis par les partis politiques eux-mêmes. C’est une ingérence que le CNARED a dénoncée en refusant de participer aux pourparlers.
Finalement, le facilitateur (qui aurait, dit-on, subi des pressions de Bujumbura), voyant qu’une telle démarche n’était pas crédible, il s’est donné deux semaines pour rencontrer, personnellement, tous les membres du CNARED et les personnalités que Nkurunziza redoute dans le cadre de ce dialogue.
Cette fermeté affichée par le facilitateur lui a valu les félicitations de Washington, de Paris, et, surtout, du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon.
Le problème devient donc simple : si dialogue il y a, ce sera pour mettre autour d’une même table des personnes qui soutiennent des points de vue différents, sans aucune exclusion. C’est cela le « Dialogue inclusif ». Ou alors, le petit despote continuera à fermer les yeux et les oreilles comme c’est le cas depuis un an, en attendant la libération d’une manière ou d’une autre du Burundi.