Qui a tué le capitaine Blaise Compaoré, à l’époque, président du Burkina Faso, pourquoi, de quelle façon, dans quelle circonstance ? Qui en était l’instigateur et pour quelle raison ?
Parlant du coup d’état avorté de septembre dernier : qui en a eu l’idée et pourquoi ? Comment ce coup d’état en pleine transition a-t-il été organisé et de quelle façon allait-il se dérouler ? Qui en était le bras séculier et pour quelle raison ?
Le peuple burkinabé et l’Afrique entière veulent savoir de quoi ces deux affaires retournent. Le fait d’essayer de les enterrer ferait déclencher de nouvelles manifestations à Ouagadougou. Pour dire vrai, on n’en est pas là, même si le très puissant mouvement de masse, Balai Citoyen, a, officiellement, regretté la décision de la Cour de cassation. Mais, à ce qu’on sache, ce n’est que partie remise. Car la justice burkinabè va relancer de nouveaux mandats d’arrêt internationaux contre Blaise Compaoré et Guillaume Soro, après leur annulation, par la Cour de cassation, pour vice de forme. Cette déclaration est du commissaire du gouvernement (procureur militaire).
« Les juges d’instruction vont reprendre les mandats. Si c’est pour des raisons de procédure, de forme, que la requête en annulation a été introduite (et acceptée, ndlr), il n’y a pas de raison que ces mandats ne soient pas repris », a déclaré le procureur militaire de Ouagadougou, le colonel, Norbert Koudougou. Et de poursuivre : « Nous avions introduit la requête pour corriger un vice de procédure, cela étant fait, on ne voit pas d’empêchement particulier à ce que ces mandats puissent être repris », a insisté le colonel Koudougou.
La Cour de cassation de Ouagadougou a annulé, jeudi, 28 avril, le mandat d’arrêt international lancé par la justice militaire contre l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, devenu ivoirien, depuis cinq mois, dans le but d’échapper à la justice de son pays, le Burkina Faso, qu’il avait dirigé pendant 28 ans, et le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro.
« Ces annulations ont été faites pour vice de forme parce qu’il aurait fallu demander les réquisitions du commissaire du gouvernement (procureur), du tribunal militaire avant d’émettre les mandats. Cette formalité n’ayant pas été accomplie, la Cour a, donc, décidé d’annuler tous les mandats internationaux », a indiqué le procureur général de la Cour de cassation, Armand Ouédraogo.
La justice militaire burkinabè avait lancé, le 4 décembre, un mandat d’arrêt international contre Blaise Compaoré, réfugié en Côte d’Ivoire depuis sa chute du pouvoir, le 31 octobre 2014.
« L’Ivoirien de fraîche date », Blaise Compaoré, a été inculpé, pour son implication présumée dans l’assassinat de son « alter ego », le président, Thomas Sankara (notre photo), tué le 15 octobre 1987, lors d’un coup d’état (particulièrement sanglant) qui l’avait porté au pouvoir, et rendu l’Afrique triste.
Blaise Compaoré est poursuivi pour « assassinat », « attentat » et « recel de cadavre » dans le cadre de l’enquête ouverte, fin mars 2015, par les autorités de la transition burkinabé. Ayant eu peur de comparaître devant la justice de son pays, il a fui pour se réfugier en Côte d’Ivoire, le pays de son épouse, Chantal, où il a obtenu la nationalité ivoirienne, par le biais de cette dernière. Mais par cette façon d’agir, Blaise a, totalement, perdu le sens de l’honneur. Avec un tel comportement de fuyard, il se discrédite et force les gens à avoir une piètre idée de sa personne.
La justice militaire burkinabè avait, par ailleurs, émis, le 8 janvier, un mandat d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, celui-là qui ambitionnait de devenir, président de Côte d’Ivoire, en s’appuyant sur Blaise Compaoré. Il est évident que, Blaise exilé, Soro voit ses chances de devenir président s’amoindrir. Car il y a d’autres sérieux prétendants au sein du RDR et du PDCI qui ne veulent pas entendre parler de lui. Privé de son mentor, Blaise, Soro doit, maintenant, composer avec d’autres tableaux pas évidents pour lui. Il est poursuivi par la justice burkinabé, pour son implication présumée dans le coup d’état manqué contre le gouvernement de transition burkinabè, en septembre 2015, dont le but final était, de remettre en place, le régime de Blaise Compaoré. Pas mal pensé, mais l’opération ayant connu un gros échec, Guillaume doit, aujourd’hui, rendre les comptes.
La justice se base, notamment, sur l’enregistrement d’une conversation téléphonique supposée entre Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères du Burkina, et Guillaume Soro, pour le poursuivre.