Avec, seulement, sept chefs d’Etat présents à son investiture qu’il voulait grandiose (il avait lancé des invitations à une quarantaine de présidents), Sassou Nguesso a-t-il compris que sa descente aux enfers avait commencé ? Contrairement au passé, le dictateur devra, cette fois, se débrouiller, tout seul. Ses protecteurs d’hier, les anciens présidents français, Jacques Chirac, et gabonais, le patriarche, Ondimba, ne sont plus aux affaires. Quant à l’Angolais, José Eduardo dos Santos, il a d’autres chats à fouetter : il prépare son départ du pouvoir en 2018.
Les bombardements quotidiens que Sassou a ordonnés dans le département du Pool et qui continuent, comme si de rien n’était, à tuer les civils, sans histoires, et à détruire leurs biens, ne passeront pas sous silence. Ils vont causer sa perte. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. A l’heure d’internet et des réseaux sociaux, ce qui n’était pas le cas en 1997, 1998 et 1999, Sassou n’a plus les moyens de tuer en silence, ni d’emprisonner ni vu ni connu. D’où ce conseil : qu’il ordonne, vite, la libération de l’opposant politique, Paulin Makaya, président de l’UPC, qu’il a emprisonné, sans motif valable, il y a quatre mois, l’empêchant de prendre part à l’élection présidentielle.
Ceux qui font office de ministres de Sassou, ainsi que ses collaborateurs les plus zélés, devraient avoir la sagesse de tourner, désormais, sept fois la langue dans leur bouche avant de le défendre. Car la comptabilité de leurs déclarations a, d’ores et déjà, commencé.
Le dictateur aggrave, également, son cas, tous les jours, avec l’encerclement, par ses chars, des résidences des trois candidats qui l’ont, sévèrement, battu à la présidentielle : Jean Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa et Claudine Munari. Sassou Nguesso que les Congolais surnomment, « Monsieur 8% », son vrai score réalisé à la présidentielle rendu public par la CENI de l’opposition coordonnée par le professeur, Charles Zacharie Boawo, a grand intérêt à demander à la communauté internationale de l’aider à organiser, rapidement, un dialogue avec l’opposition. Car s’il n’agit pas maintenant pour sortir par une porte normale, il partira, forcément, du pouvoir par la petite porte, ou même, par la fenêtre. Ou encore entre quatre planches.
Ce mardi, le gouvernement français, a demandé que des institutions internationales fassent « la lumière » sur la situation au Congo, où l’armée est accusée par l’opposition de s’en prendre à des civils dans la région du Pool (Sud). Paris vient, de cette façon, en appui aux Nations-Unies qui demandent, en vain, à Sassou, depuis plusieurs jours, d’accéder à la région du Pool pour voir de près comment s’effectuent les massacres. Sassou y oppose une fin de non recevoir très arrogante, bien qu’Amnesty International ait, déjà, chiffré, hier, à plus d’une trentaine de civils tués. Ce chiffre est très minoré car Sassou aurait fait jeter plusieurs corps dans la rivière Djoué. Il a mis en place, d’autres méthodes pour dissimuler les corps. On n’exclut pas non plus des charniers. C’est la non-assistance du peuple du Pool en danger à laquelle nous assistons. Faudrait-il combien de morts supplémentaires avant une éventuelle intervention pour sauver des vies humaines ?
« La France souhaite que la lumière soit faite sur ces développements, en toute transparence, notamment par le biais des organisations appropriées (Nations-Unies, CICR) et que l’accès humanitaire soit garanti », ajoute le communiqué du Quai d’Orsay, qui appelle, aussi, au respect des populations civiles. La balle est dans le camp du dictateur.