C’est à la fois une bonne nouvelle et en même temps une mauvaise affaire pour le président Boni Yayi. Candidat présenté par ses propres soins, Lionel Zinsou sera présent au deuxième tour de la présidentielle du Bénin dont la date, préalablement, fixée au dimanche 20 mars, pourrait être décalée. Mais, c’est surtout une mauvaise affaire pour le président-sortant car s’il est parti chercher Lionel Zinsou, loin, à Paris, c’était pour barrer la route à Patrice Talon. Il ne veut pas de Talon comme successeur. Sur ce plan, sa stratégie pourrait connaître un échec, si Talon, dont le score n’est pas très éloigné de celui de Zinsou, sortait, finalement, victorieux de cette élection. C’est tout à fait possible si Yayi Boni n’arrive pas à casser le bloc de granit qui est en train de se constituer, et qui serait « Tout sauf le Yovo » ! Au Bénin, « Yovo » veut dire Blanc ! Du coup, on reparle de la Françafrique. Une très mauvaise affaire…
Les principaux recalés du premier tour, à savoir, le magnat de l’agro-alimentaire, Ajavon, le financier Bio-Tchané (dont la relation est froide avec Yayi Boni) et Pascal Irénée Koupaki, sorti cinquième, pourraient, logiquement, porter leurs voix sur Patrice Talon, considéré comme un « vrai fils du pays ».
On attend que le couple Soglo, qui avait condamné la candidature de Lionel Zinsou sans soutenir un candidat à proprement parler, sorte de sa réserve et appelle à voter Talon. Il en est de même du professeur Albert Tévoédjrè, qui avait soutenu Koupaki au premier tour. Le feront-ils ? Ce n’est pas certain. Au Bénin, les relations sont compliquées.
Bref, Les jours qui viennent permettront à chaque candidat de peaufiner une stratégie gagnante. Au final, Talon va avec un avantage (certain) à la fois psychologique et mathématique, voire, même sociologique, mais, Lionel Zinsou, qui est soutenu par le chef de l’Etat sortant, ce qui est un atout de taille, est loin d’avoir été vaincu.
Le premier ministre, Lionel Zinsou, candidat du parti au pouvoir et l’homme d’affaire, Patrice Talon, sont qualifiés avec respectivement 28,44% et 24,80% des suffrages exprimés.
Ces résultats qui ne sont que provisoires pourraient bien être confirmés par la Cour constitutionnelle, vu qu’il n’y a eu aucune contestation de la part des autres candidats et que de l’avis des observateurs des différentes organisations sous-régionales et régionales, le scrutin de dimanche, qui a mis aux prises 33 candidats, s’est déroulé dans de bonnes conditions sans incidents majeurs.
La date du second tour de la présidentielle reste à fixer.