Afriqueeducation.com l’avait annoncé, dans un article publié mercredi, 24 février, à 18h11, intitulé « Niger : Mahamadou Issoufou vers un deuxième tour contraint forcé », qu’il était, mathématiquement, et sociologiquement, impossible au président-candidat, malgré ses énormes moyens financiers, malgré sa fraude massive (il a réussi à mettre pratiquement toute la CENI sous ses ordres), malgré la logistique de l’administration et les complicités dont il bénéficie à l’international (en tant que président sortant), de gagner par « KO au premier tour », comme il le clamait haut et fort. Voulant, ainsi, imiter son homologue guinéen, Alpha Condé.
Hélas ! Le candidat-sortant n’a pas pu tenir sa promesse. Il est, doublement, défait, ce vendredi, 26 février 2016.
D’une part, il est battu, psychologiquement et mentalement, par l’opposition en se voyant obligé de participer à un deuxième tour qu’il n’avait, manifestement, pas prévu ni annoncé. C’est un coup dur pour le moral de ses troupes.
D’autre part, il est, doublement, battu par Hama Amadou qu’il avait voulu terrasser, arbitrairement, en le mettant en prison : la raison du plus fort. De sa prison, le prisonnier le plus célèbre du continent va devoir affronter le président-candidat pour un deuxième tour qui s’annonce incertain et explosif pour lui. C’est un face à face déconcertant et humiliant pour Issoufou qui devra s’expliquer pourquoi, lui, le « démocrate », a voulu éliminer un adversaire dangereux, juste pour sauver son fauteuil de chef d’Etat. C’est inélégant et sa stratégie s’avère contre-productive aujourd’hui.
Cette fois, l’opposition, après avoir, répertorié toutes les techniques de tricheries du PNDS, doit faire attention pour ne plus se faire avoir. Ce qui ne donnera que plus de saveur et de piment à ce deuxième tour que le camp du pouvoir ne voit pas d’un bon œil.
Au Niger, Issoufou avait en face de lui, au moins, trois poids lourds sur le plan électoral, deux anciens premiers ministres et un ancien président de la République. Voyant que sa gestion du pays était décriée par l’opposition et la société civile, il a vu ses chances, progressivement, s’amoindrir. Par exemple, il n’avait pas d’allié de poids pendant cette présidentielle, alors qu’il y a cinq ans, c’est grâce à Hama Amadou qu’il est devenu président de la République. Pour éviter le moindre risque de se retrouver au deuxième tour, il a préféré mettre ce même Hama Amadou, en prison. La preuve est, aujourd’hui, faite que si Hama avait fait campagne comme tout le monde, il aurait battu, copieusement, Issoufou, lors de ce premier tour.
Selon les résultats partiels publiés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), portant sur 5,3 millions d’électeurs sur 7,5 millions d’inscrits (70%), M. Issoufou est en tête avec 48,44% des 3,627 millions de suffrages dépouillés. Les deux anciens premiers ministres, Hama Amadou (17,6%) et Seini Oumarou (11,24%) le suivent, tandis que l’ancien président Mahamane Ousmane est à 6,34%.
Le taux de participation selon cette comptabilisation portant sur 209 des 308 communes, s’élève à 67,71%.