La 107e session du Conseil des ministres du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) a été ouverte, mardi, 29 mai, à Lomé, par le professeur, Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères, de la Coopération et de l’Intégration africaine. Objectif : préparer la négociation qui aura lieu, bientôt, avec le Groupe de l’Union européenne, afin d’élaborer l’Accord ACP-UE qui entrera en vigueur après 2020. Tous les ministres ou leurs représentants ont répondu présents dont la présidente du Conseil des ministres du Groupe des Etats ACP, la ministre jamaïcaine des Affaires étrangères, Kamina Johnson Smith.
Au moment où s’ouvrent les concertations entre les pays ACP, l’hôte de la rencontre a, tout d’abord, tenu à prodiguer quelques conseils à ses collègues : « Nos populations nous attendent. Leur droit légitime au développement doit nous inciter à éviter lors de cette Session le « syndrome du bateau ivre », ce syndrome qui traduit une espèce de nausée, la situation hypothétique d’un navire en perte de repère. La logique d’unité doit guider nos pas. Nous devons aborder les futures négociations avec l’UE (Union européenne) en tant que groupe uni, en tant que « pôle de responsabilité collective » soudé. S’il est vrai que l’unité du Groupe ACP en tant que pôle multilatéral de responsabilité collective ne peut signifier rien d’autre qu’une « unité plurielle », ou mieux, une « unité dans la diversité », pour reprendre Jürgen HABERMAS dans son livre, Après l’Etat-nation, en raison des spécificités propres à chaque ensemble continental, les spécificités et divergences ne doivent pas cependant avoir raison de notre sens de l’unité ».
Et le professeur, Robert Dussey, de poursuivre sur la même lancée : « En restant uni, nous pouvons travailler ensemble et renforcer la souveraineté positive de nos Etats, autrement dit, leur capacité d’action externe et interne. L’unité d’action au rang des ACP aidera sans doute nos Etats à faire décroître les inégalités et à faire reculer les frontières de la pauvreté, à faire sortir nos Etats et populations de la situation d’inconfort actuelle ».
L’enjeu, on le devine, aisément, c’est la guerre au mal-développement dans les pays concernés, à la « pauvreté absolue » et « objective ». A cet égard, Robert Dussey, qui dans le civil, est un professeur de philosophie politique, titulaire d’une chaire à l’Université de Lomé, n’a pas hésité à comparer L’état du monde actuel à « l’état de nature » de Thomas Hobbes, qui impose (aux peuples concernés) un changement de cet état insoutenable. Par tous les moyens légaux. Telle doit être la feuille de route de la Coopération Sud-Sud. L’un des objectifs des ACP n’est-il pas d’« œuvrer à la promotion d’un nouvel ordre mondial plus juste et plus équitable » qui commence par une coopération Sud-Sud ? Car avant de coopérer avec les pays du Nord, quoi de plus normal que d’encourager, aussi, la coopération entre pays du Sud.
Par la voix du professeur, Robert Dussey, le gouvernement de la République togolaise insiste, donc, sur la nécessité du renforcement de la coopération intra-ACP car pour se développer, les pays ACP doivent, d’abord, compter sur eux-mêmes, sur leurs propres forces dans une perspective humaniste et de confiance en soi. C’est ce leitmotiv qui doit inspirer leurs travaux, sachant que le partenaire européen a, déjà, exprimé de façon claire sa vision du futur accord de partenariat.
« A votre tour, vous examinerez et adopterez, je l’espère, le mandat de négociation du Groupe ACP », leur a demandé le professeur Robert Dussey, ce d’autant plus que la réunion tenue, à Lomé, le 27 mai, doit avoir permis de faire des avancées sur l’examen des questions susceptibles de constituer des blocages sur la vision commune des pays ACP.