Le président tchadien, Idriss Déby Itno, en pointe dans la lutte contre les groupes djihadistes, en Afrique sub-saharienne, a été désigné nouveau président en exercice de l’Union africaine, samedi, 30 janvier, à Addis Abeba. Le tour de la présidence de l’organisation panafricaine revenait à l’Afrique centrale où Idriss Déby Itno disposait d’un meilleur profil par rapport aux chefs d’Etat intéressés par ce poste (www.afriqueeducation.com du 25 janvier à 22h58).
M. Déby, qui occupera la présidence tournante de l’organisation continentale pendant un an, succède au zimbabwéen Robert Mugabe, plus ancien chef d’Etat africain en exercice.
C’est le président Mugabe qui a annoncé la nomination de M. Deby (notre photo montrant le président entrant et le président sortant en train de se congratuler), désigné par ses pairs, au terme d’un long discours.
« Quelle que soit l’aide que vous me demandez, je serai là, jusqu’à ce que Dieu me dise de venir. A ce moment-là, je partirai rejoindre les autres. Mais tant que je serai en vie, je serai toujours combatif », a déclaré M. Mugabe, 91 ans, avant d’aller se rasseoir sous les applaudissements nourris de la salle plénière, le poing droit levé.
Chef de l’Etat tchadien, depuis 1990, M. Déby est devenu un acteur incontournable en Afrique centrale, à la tête d’une armée présente sur plusieurs fronts en Afrique.
Face à la menace des islamistes nigérians de Boko Haram, il fait intervenir ses troupes au Nigeria voisin, début 2015, pour y libérer des localités occupées par les islamistes et initier une riposte militaire régionale contre Boko Haram face à l’inertie de l’armée nigériane.
N’Djamena a été, en retour, frappée par plusieurs attentats-suicides meurtriers revendiqués par Boko Haram.
« La montée du terrorisme dans le monde et particulièrement en Afrique impose que nous unissions nos forces. La solidarité face à ce phénomène ne doit pas se résumer à des mots », a déclaré M. Déby à la tribune de l’UA. En tant que militaire, il sait de quoi il parle.
Né en 1952, M. Déby a accédé au pouvoir par les armes, en 1990, en renversant son ancien mentor, le président Hissène Habré, actuellement, jugé au Sénégal.
Le chef de guerre délaisse alors son treillis pour la politique et ouvre le pays au multipartisme. Elu en 1996 et réélu, depuis, il est, régulièrement, critiqué par une opposition qui lui reproche des fraudes électorales, des violations des droits de l’homme et, malgré son entrée, en 2003, dans le club des pays producteurs de pétrole, l’extrême pauvreté des Tchadiens, est palpable à l’oeil nu.
Idriss Déby Itno devient président en exercice de l’UA, en pleine crise pétrolière. Cette situation restreint sa marge de manœuvres, dans beaucoup de domaines.
Déby devrait être désigné, le 6 février, candidat par son parti à la prochaine élection présidentielle prévue le 10 avril. On verra si le Tchad saura se servir de cette présidence de l’organisation continental pour agir dans l’intérêt du continent.